Après les manifestations commémoratives des cinquante ans de l’indépendance en 2010, le Cameroun célèbre en 2011 le second grand moment des cinquantenaires, à savoir le cinquantième anniversaire de la réunification.
L’histoire de la construction de la nation camerounaise fait de la réunification une des étapes décisives de la vie de notre pays et celle de ses populations. Protectorat allemand divisé en deux parties en 1916 peu avant la fin de la seconde guerre mondiale, le Cameroun fut administré par la Grande-Bretagne d’une part et la France d’autre part. Objectif primordial de l’ « Union des populations du Cameroun » (UPC) dès sa création en 1948, la réunification fut intégrée plus tard dans le programme politique de l’ « Union camerounaise » d’Ahmadou Ahidjo. Alors que le Cameroun sous-tutelle française accède à l’indépendance le 1er Janvier 1960, le Cameroun sous administration britannique demeure divisé en deux parties distinctes par la puissance tutrice : le Cameroun septentrional ou « Northern Cameroons » et le Cameroun méridional ou « Southern Cameroons ». Dans celui-ci, le parti politique « One Cameroon » de Ndeh Ntumazah qui militait déjà pour la réunification, trouve sur le même terrain le KNDP (Kamerun national democratic party) de John Ngu Foncha. Les 11 et 12 février 1961 sont organisés deux plébiscites sous l’égide de l’ONU : le Cameroun méridional choisit de s’unir au Cameroun mais dans le Cameroun septentrional, le résultat officiel est favorable au rattachement au Nigeria. Après la conférence de Foumban du 17 au 21 juillet 1961, la constitution de la République fédérale du Cameroun est promulguée le 1er septembre 1961 puis le 1er octobre de la même année s’effectue la réunification du Cameroun oriental et du Cameroun occidental. Au plan constitutionnel cette marche vers l’unité du pays et l’intégration de la nation camerounaise a continué avec l’avènement de l’Etat unitaire en 1972 puis la transformation de la République unie du Cameroun en République du Cameroun en 1983.
Avec ces étapes historiques et politiques, il y a lieu d’observer également une grande diversité socio-géographique, le Cameroun comptant globalement plus de deux cent cinquante ethnies réparties de la zone forestière au sud jusqu’à la zone soudano-sahélienne au nord en passant par la zone montagneuse des grassfields. Avec sa diversité culturelle, avec ses richesses du sol et du sous-sol, avec plus de deux cent langues nationales auxquelles s’ajoutent les langues officielles, anglais et français, héritées de la bi-colonisation, le Cameroun est sans conteste une Afrique en miniature. Mais avec tout ça, le Cameroun apparaît aussi à l’aube des indépendances des pays d’Afrique francophone, comme un cocktail Molotov, pas loin de l’explosion à cause de sa «guerre d’indépendance» ou de ses «maquis» selon les camps. Personne, dit le président Paul Biya dans son message de nouvel an, n’y croyait ; seuls nous, Camerounais, y croyions. «Aujourd’hui, conclue-t-il, nous formons une Nation, une grande Nation qui aborde son avenir avec assurance. » Pour lui, au-delà de la symbolique forte qu’incarne la réunification pour l’unité de notre pays, elle doit être vécue comme « une étape extraordinaire de la marche de notre pays vers son intégration qui permet de faire de notre diversité une force pour atteindre nos objectifs communs ».
A cet égard, l’objectif englobant se résume dans la formule du document de stratégie pour la croissance et l’emploi, boussole pour l’émergence de notre pays. « Le Cameroun : un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité. » Loin d’être un simple slogan mystificateur limité aux périodes électorales, il est question d’un guide intégrant les acquis évoqués sur plusieurs plans pour consolider la construction de la nation camerounaise dans ses valeurs de solidarité et de paix. Notamment par une démocratie forte, réelle et juste, une économie prospère, une allocation équitable des ressources de notre pays.
