Le plasticien Antanasius Vershiyi redonne forme à de vieilles pièces de moto à Douala.

Depuis le 16 décembre 2010, et ce jusqu’à demain, 11 janvier, cent vingt-trois sculptures donnent des allures de garage au Carré des Artistes. Dans ce garage donc d’un tout autre genre qu’est devenu l’espace d’art contemporain de la rue Batibois à Bonapriso, le Camerounais Antanasius Vershiyi ressuscite les deux-roues, avec l’exposition « Récup Art ».

« Récup Art », c’est cent vingt-trois œuvres respirant un air de liberté. Et pour cause : vélos et motos ont abandonné leurs pignons, guidons, écrous, fourches, chaînes, pinces, cadres, amortisseurs… entremêlés à d’autres objets de la vie quotidienne, pour donner forme à des oiseaux. Derrière ces volatiles hétéroclites en acier, l’idéologie écolo d’un artiste, Antanasius Vershiyi. Son but, « à travers l’art et l’artisanat, réduire le volume des déchets dans nos poubelles. »

Pour sa première exposition au pays donc, et pour coller à un univers urbain de plus en plus envahi par le deux-roues, le plasticien s’est mis au recyclage industriel.

Afin de donner vie à ses oiseaux, Antanasius Vershiyi se fond dans la peau d’un soudeur. Son matériel de travail, poste à souder, étau, scie à métaux, eau… lui sert à transformer et assembler la matière que lui fournissent différents mécaniciens. Et à côté de ces formes épurées qui servent plus l’art que le quotidien, l’artiste a stylisé des miroirs avec des cadres en pneus de voiture et de moto.

Cette exposition, qui interpelle la conscience environnementaliste de tous, est un prélude à un projet artistique, « Reflets de l’onde ». Projet qui fera du Carré des Artistes une vitrine mondiale pour les plasticiens du pays et d’ailleurs. Et pour coller justement à cette démarche, trois confrères de Vershiyi ont été invités à participer à l’exposition. Mathieu Mbaï a ainsi occupé les murs de la galerie avec des toiles aux teintes chaudes, qui racontent en images le quotidien des femmes du Nord-Cameroun. Dans un style qui, bien que figuratif, met plus l’accent sur le décor et les accessoires, comme pour mieux raconter la culture de cette contrée.

Jean-Jacques Kante, quant à lui, dans son registre abstrait et sa technique mixte, collage et marouflage, ses couleurs écrues, donne du relief à ses tableaux. Des tableaux qui se laissent librement interpréter, entre clair et obscur. De son côté, le Béninois Dodji Efoui laisse les personnages ubuesques de ses toiles s’encadrer de couleurs, comme des photos. Des formes trompeusement naïves qui font un peu penser au peintre haïtien Jean-Michel Basquiat. Pour s’en rendre compte, rendez-vous au Carré des Artistes jusqu’à demain.