On croyait avoir tourné la page des armes pour embrasser celle de la médiation. C’était sans compter avec les factions rivales en Côte d’Ivoire qui ont à nouveau décidé de faire parler la poudre hier. Des tirs d’arme légères et d’arme lourde ont retenti dans la nuit de mardi à hier dans le quartier populaire d'Abobo, à Abidjan, réputé pro-Ouattara. Cinq policiers sont tombés, ainsi qu’un civil, rapporte l’AFP. Tout avait pourtant commencé mardi par de simples perquisitions avec pour but de « pacifier » le quartier, selon les forces de l’ordre. Mais peu après le début des opérations au petit matin, les quelque 300 policiers, gendarmes et militaires ont été confrontés à une farouche opposition de la population. Les affrontements ont fait plusieurs morts parmi les habitants d’après des riverains et se sont poursuivis durant toute la nuit dans le quartier d'Abobo Marley, où un car des forces de défenses et de sécurité (FDS) aurait été notamment la cible d'un tir de lance-roquettes RPG-7. Une riposte des jeunes de ce quartier qui, d’après RFI, affirment d’ailleurs avoir pris ces armes à des policiers qu’ils ont attaqués. Plusieurs véhicules des forces de l’ordre ont également été incendiés alors que de nombreux blessés sont à déplorer dans les rangs de la population. RFI ajoute que la situation restait très tendue hier après midi. Plusieurs jeunes rassemblés dans le quartier continuaient de brûler des pneus alors qu’un important dispositif de sécurité était déployé tout autour de ce quartier nord d’Abidjan.
Au total, au moins sept membres des forces de l’ordre ainsi que trois civils ont déjà été tués à Abidjan ces deux derniers jours. Ceci alors que le médiateur de l'Union africaine, Raila Odinga, est attendu en Côte d’Ivoire demain ou après-demain pour, une fois de plus, tenter d’accorder les violons des deux protagonistes. Alassane Ouattara refuse toujours de rencontrer Laurent Gbagbo tant que celui-ci ignore sa légitimité en tant président. Laurent Gbagbo pour sa part affirmait encore hier sur le site Internet d’Europe 1 qu’il est " prêt à discuter avec lui [Alassane Ouattara]. Il a pourtant rejeté mardi la proposition de son rival en faveur d’un "large gouvernement d'union".
