Le Premier ministre sortant Mohammed Ghannouchi, maintenu en place, a présenté lundi après-midi le nouveau gouvernement chargé de gérer la transition démocratique en Tunisie, selon le magazine français Le Point. En son sein, beaucoup d'anciens de l'ère Ben Ali et trois membres de l'opposition. Dans ce gouvernement provisoire qui aura une durée de vie de six mois, la continuité est prépondérante dans les ministères régaliens. Ainsi les ministres de l'Intérieur, de la Défense, des Finances et des Affaires étrangères ont été reconduits dans leurs fonctions. Les trois opposants qui intègrent le nouveau cabinet sont Najib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP) qui prend le poste de ministre du Développement régional; Moustapha Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL); et Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid. En somme, sur un total de 19 ministres, six serviteurs de l'époque Ben Ali restent en place et détiennent les postes clés même s’ils ont été peu impliqués dans la répression comme le considèrent certains observateurs. Le premier ministre a également annoncé la suppression du sinistre ministère de l'Information, symbole de l'étouffement de la presse et de la parole publique sous Ben Ali. De même, il a également prévenu de la prochaine libération de tous les prisonniers politiques.
Par ailleurs, dans les rues plusieurs villes du pays, le chaos continue de régner. Hier, des centaines de manifestants ont encore envahi les rues, pour cette fois demander l'abolition pure et simple du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de l'ancien président Ben Ali, selon le représentant du journal régional Français le Télégramme à Tunis. Ils tiennent également à faire entendre au président de la Transition qu’ils ne veulent voir figurer aucun nom des membres de ce mouvement dans la liste des ministres constituant le gouvernement de coalition. Le journal ajoute que la plupart des commerces restent fermés, à l'exception de rares cafés, bureaux de tabac, boulangeries et kiosques à journaux avec moins d’hommes en tenue dans les rues, après une nuit plutôt calme. Dimanche, de violents affrontements ont opposé les forces de sécurité et éléments fidèles au chef de l'Etat déchu Ben Ali, qui ont été attaqués par l'armée dans le palais présidentiel de Carthage. Quelques heures ont suffit à l'armée pour donner l'assaut au palais et déloger des éléments de la garde présidentielle de Zine el Abidine Ben Ali, selon une source sécuritaire tunisienne.
En outre, le journal Le Monde a révélé que l’ancien président s’est enfui avec 1,5 tonne d'or, soit quelque 45 millions d'euros (29,5 milliards de F. A Marseille, toujours selon Le Télégramme, des Tunisiens ont investi le consulat pour se le "réapproprier". Alors que le département d'Etat américain a donné son feu vert au départ des familles des membres de son ambassade à Tunis et recommandé à l'ensemble des Américains de quitter la Tunisie en raison des troubles actuels.
