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Dossier de la Rédaction

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Tabagisme: l’électronique ne brûle pas l’envie de fumer

La « Health cigarette » est arrivée au Cameroun mais l’OMS tempère les promesses de ses promoteurs.

C’est un bâton de cigarette dont le paquet d’une dizaine peut coûter jusqu’à 100.000 Fcfa. Ou 10.000 Fcfa pour les bourses modestes. On l’appelle ainsi certainement faute de mieux car il lui manque la composante essentielle d’une cigarette : le tabac. Ses vendeurs au Cameroun rappellent donc qu’il s’agit plutôt d’une cigarette électronique ou d’une « Health cigarette » qui ne vous ruine pas la santé, assure Samuel Kamdem.

Distribuée dans certaines pharmacies du centre ville de Yaoundé par la société Kamel, ces bâtons à fumer d’un genre nouveau auraient presque des vertus. Un prospectus publicitaire dont le contenu a été résumé par des annonces dans la presse énumère ainsi ses avantages dont le plus mince n’est pas de : « garder tout le plaisir de fumer sans ses inconvénients ». La cigarette électronique, explique son promoteur, « ressemble fortement à une vraie cigarette, garde le même goût et se fume exactement de la même façon ».

Joignant le geste à la parole, le jeune allume ou démarre ce minuscule outil électronique et inhale la fumée qu’a dû produire une combustion invisible, le bout de l’appareil étant effectivement rougeoyant comme une cigarette fraîchement allumée. Le vendeur parlera plutôt de réaction produite par l’activité de la batterie et de la cartouche qui contient la substance qui est consommée. Il rejette de la fumée, mais c’est de la vapeur d’eau, assure-t-il. Fumer ne nuit donc plus aux entourages ? Mieux, ajoute-t-il en acquiesçant, la nouvelle cigarette fera économiser quelque 80% de l’argent consacré à la consommation du tabac par les fumeurs. Justement, il n’y a pas de tabac.

Aussi le consommateur de cigarette électronique évitera-t-il les substances toxiques qui sont contenues dans les cigarettes ordinaires dans le marché. A moins qu’il veuille vraiment consommer une de ces cigarettes électroniques pourvues de cartouche de… tabac. La concession est de taille chez le commerçant bien qu’il s’empresse de vanter les possibilités de substitution offertes par la cigarette électronique, une invention d’un Chinois, le pharmacien Hon Lik qui proposa une version en 2003 ce qui devait être un succédané du bâton d’herbe à Nicot débarrassée de ses inconvénients.

Mais, indique un communiqué de presse de L’OMS publié en 2008 : « Contrairement à ce que laissent entendre certaines entreprises qui commercialisent des cigarettes électroniques dans leurs publicités, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne considère pas ces cigarettes comme une thérapie légitime permettant d’aider les fumeurs à cesser de fumer.» «La cigarette électronique n’a pas fait ses preuves en tant que thérapie de remplacement de la nicotine», avait alors déclaré le Dr Ala Alwan, sous-directeur général chargé des Maladies non transmissibles et de la santé mentale à L’OMS.

« Pour arrêter, le fumeur doit le décider »

Dr Flore Ndembiyembe, présidente de la Coalition camerounaise contre le tabac.

Comment procèdent les médecins pour aider les fumeurs à abandonner le tabagisme ?

Je dois tout d’abord dire que le tabagisme est une véritable maladie qui exige une prise en charge sérieuse, organisée par des personnes informées sur la question. Pour arrêter de fumer, le fumeur doit le décider. On ne force pas quelqu’un pour arrêter de fumer. Il y a après cela une étape d’avant sevrage où nous encourageons le fumeur à se motiver. Nous lui expliquons les risques liés au tabagisme non seulement pour la santé, mais dans son comportement : on est esclave de la cigarette en sortant à minuit pour en trouver, on expose son entourage à des maladies… On lui explique également tous les bénéfices qu’il peut en tirer. Il suffit d’arrêter de fumer pendant deux jours pour que le taux d’oxyde de carbone diminue au point de régulariser la tension, raviver l’odorat, l’appétit, etc. Si vous arrêtez de fumer, après vingt ans, vous retrouverez l’état que vous aviez avant de commencer à fumer. Quand le fumeur a compris tout cela, il décide donc d’arrêter, et du jour où il va le faire en tenant compte de son environnement. On peut alors évaluer sa dépendance sur un triple plan : la dépendance pharmacologique à la nicotine, la dépendance comportementale et la dépendance psychique. C’est à partir de là qu’on élabore la prise en charge individuelle.

Quelle est la part de chacune de ces dépendances dans le tabagisme, sachant que la cigarette électronique prétend agir sur le comportement ?

Toutes ces dépendances sont importantes. D’ailleurs les sevrages qui réussissent le mieux sont les sevrages brutaux où on décide d’arrêter tout du jour au lendemain. Ils associent le traitement de la dépendance à la nicotine à celui du comportement car le tabac s’accompagne d’habitudes comme la consommation d’alcool ou de repas ; quant à la dépendance psychique, l’on cherche à comprendre s’il faut des médicaments pour calmer le patient qui se sert du tabac comme tranquillisant par exemple ou lui faire adopter des attitudes qui vont le calmer. Il y a même un quatrième volet qui est celui de la récompense que le fumeur qui s’arrête doit s’offrir à lui-même. Le fumeur a plaisir à fumer, il lui faut donc combler ce vide et l’encourager à se récompenser de cet effort.

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