Alors qu’elle avait fait montre jusque-là d’une certaine neutralité, l’armée égyptienne est entrée en action hier chassant même les pro-Moubarak de leurs positions.
Des tirs nourris ont été entendus aux abords de la place Tahrir, dans le centre du Caire. Ils ont duré quelques minutes. La place est le théâtre d'accrochages entre partisans et opposants au président égyptien Hosni Moubarak. L'armée a dû s'interposer entre eux hier jeudi. Les violents affrontements ont fait six morts et 836 blessés mercredi et dans la nuit de mercredi à jeudi, selon le ministère de la Santé. Les tirs ont commencé vers 14H30 (12H30) sur le pont du 6 Octobre, qui surplombe une partie de la place Abdelmoneim Ryad, elle-même l'extension de la place Tahrir, lieu symbolique de la révolte égyptienne.
De nouveaux accrochages ont éclaté entre partisans et adversaires du président Hosni Moubarak en milieu de journée au Caire, alors que l'armée s'était interposée entre les deux camps. Des militaires égyptiens se sont interposés entre partisans et adversaires du président, qui sont désormais séparés de 80 mètres, selon un correspondant de Reuters. Les soldats ont appelé les manifestants anti-Moubarak à reculer de quelques mètres, alors que les pro-Moubarak demandaient à l'armée de les protéger.
Les violences reprenaient quand le conducteur d'un char a orienté sa tourelle vers les pro-Moubarak qui lançaient des pierres aux opposants depuis un lieu plus élevé, a rapporté Reuters. Des militaires les ont ensuite chassés de leur position.
La place était recouverte de pierres et de gravats, une dizaine de milliers de manifestants anti-Moubarak scandant "le peuple veut l'exécution du boucher", entourés par des chars de l'armée. Des milliers de manifestants y ont passé la nuit.
120 personnes ont été capturées par les opposants, selon des organisateurs de la manifestation d'opposition cités par Reuters. Il s'agit, selon eux, de policiers ou de membres du parti au pouvoir pris, pour la plupart, alors qu'ils s'attaquaient aux manifestants. Les personnes interpellées ont été remises à l'armée.
La nuit et au petit matin, sur la place Tahrir, des tirs sporadiques venant du pont d'Octobre, où étaient positionnés les partisans du président Hosni Moubarak, ont de nouveau fait de nombreux blessés. Les tirs ont commencé à se faire entendre vers 4h.
"On a eu quatre morts ici dont un atteint par balle en plein front", a déclaré jeudi matin à l'AFP le docteur Mohamed Ismaïl, depuis un hôpital de campagne monté sur une place adjacente à la place Tahrir, où les opposants au régime se rassemblent depuis plus d'une semaine.
