Le chercheur Simon Nken déroule en partie l’histoire de ce mouvement historique.

Ce n’est pas le premier essai sur l’Union des populations du Cameroun (Upc), que nombre de ses militants appellent volontiers le parti historique. Mais l’œuvre de Simon Nken ne saurait être perçue comme un ouvrage de trop, loin de là. D’ailleurs, l’auteur, docteur en histoire contemporaine, a un angle bien à lui dans l’approche qu’il esquisse du mouvement. « L’Upc, de la solidarité idéologique à la division stratégique. 1948-1962 », qu’il a titré son livre. Avec en soutien « Essai d’analyse historique ». Autant le dire tout de suite, le lecteur ferait bien de prendre une bonne goulée d’air avant de s’immerger dans ce voyage à rebours sur les sentiers parfois rugueux de l’histoire. Et ce, pas seulement parce que le livre, sorti récemment aux éditions Anibwe (Paris), fait quelque cinq cents pages – sources bibliographiques et annexes comprises.

Visiblement, l’auteur s’est voulu exhaustif. L’ouvrage va, en effet, des prémices idéologiques et structurelles de l’Upc (c’est l’objet du premier chapitre), à ce que Simon Nken appelle les dernières désillusions des cadres de ce parti. L’historien se penche aussi sur ce que furent les stratégies de conquête de l’Upc, le déclin du parti dans sa phase clandestine, les tentatives de reconstitution politique, le maquis et la défaite militaire… Comme le lecteur pourrait s’y attendre, le tout fourmille de rappels historiques dont l’évocation pourrait en émouvoir beaucoup. « Entre le 22 et le 30 mai 1955, une série d’émeutes eurent lieu au Cameroun, violence au sujet desquelles l’administration française et l’Upc se sont réciproquement renvoyé la responsabilité. Ces émeutes (…) furent l’aboutissement tragique des rapports de grande tension entre les forces antagonistes », indique l’auteur.

Mais l’histoire, c’est aussi les acteurs, les hommes. Le livre de Simon Nken s’y intéresse de près. D’abord une photo de famille des premiers dirigeants de l’Upc barre la couverture. Ensuite, des portraits sont consacrés à Ruben Um Nyobè, Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié et Abel Kingué. Au final, le livre, dont la mise en page aérée en ajoute au confort de lecture, devrait intéresser chercheurs, hommes politiques ou le citoyen simplement soucieux d’en savoir un peu plus sur l’histoire d’un parti qui a influencé l’histoire du pays. Une cérémonie de dédicace est prévue demain à la Fondation Muna de Yaoundé.