Le livre de Françoise Bengono dénonce les nombreux dysfonctionnements constatés dans la chaîne budgétaire et prescrit une thérapie.

Comment avec autant de dysfonctionnements, l’administration camerounaise peut-elle parvenir à une gestion saine et rationnelle des ressources publiques mises à sa disposition? De la préparation au contrôle en passant par l’exécution, les différents maillons de la chaîne budgétaire semblent finalement infestés d’anomalies ne permettant pas toujours une meilleure exécution de l’opération dans son ensemble. L’ouvrage «L’amélioration de la qualité de la dépense publique au Cameroun» tombe justement à pic. Au moment où la question de l’orthodoxie financière et la réduction du train de vie de l’Etat deviennent de plus en plus préoccupantes. Dans sa conception, Françoise Bengono définit les dépenses publiques comme étant « des dépenses susceptibles de satisfaire les besoins réels des administrations à un juste coût.» Une définition qui ne reflète pas toujours la réalité quotidienne.

Dans son diagnostic, elle stigmatise l’absence d’un examen munitieux et détaillé des différentes rubriques de dépenses, l’ignorance des problèmes posés par les budgets antérieurs, les insuffisances de la mercuriale des prix, le grand nombre d’intervenants dans le circuit de la dépense, les limites du contrôle de chevauchement des missions et le dépassement du seuil de cent jours. Tout comme elle déplore le fait que dans le cadre du contrôle de l’exécution du budget, aucun des organes prévus, à cet effet, ne soit spécifiquement chargé d’évaluer la qualité des dépenses.

Cet ouvrage qui est le produit d’un rapport  d’intervention soutenu en décembre 2009 à l’Institut supérieur de management public (ISMP), débouche sur une série de recommandations pour sortir de l’auberge pour une dépense utile. En observateur averti, l’auteur recommande l’actualisation permanente de la mercuriale des prix, un ajustement systématique des prix, l’élaboration d’un logiciel informatique pour le suivi du matériel afin d’éviter le renouvellement automatique des biens durables non amortis, l’institution des imprimés standardisés permettant d’apprécier le caractère réaliste des demandes d’inscriptions budgétaires, entre autres. Sous-directeur du contrôle financier à la direction générale du budget au ministère des  Finances au moment de la rédaction du présent ouvrage, Françoise Bengono a été promue en fin d’année dernière au poste de contrôleur financier central auprès du  ministère de l’Agriculture et du Développement rural.  Preuve qu’elle ne s’aventure pas en terrain inconnu.