En tournée dans la région, le chairman du SDF prône une modification du statut et des missions de la structure.
Malgré le temps, le chairman du Social Democratic Front n’a pas abandonné ses identités remarquables. Juché sur l’estrade montée pour la circonstance, Ni John Fru Ndi donne de la voix devant ses militants massés au petit stade qui jouxte le stade municipal de Maroua : « Kirrrr djeh !, power to the people » et la foule reprend à l’unisson : « Pouvoir au peuple !». Arrivé à Maroua en fin d’après-midi, en provenance de Kousseri, le leader du SDF a animé un meeting au quartier Harde à Maroua lundi après-midi. De prime abord, le chairman déclinera l’objectif de cette tournée nationale dont l’Extrême-Nord constitue la première étape. Il s’agit dit-il, de lever l’équivoque sur la position officielle du parti relativement au processus électoral tel que conduit actuellement par ELECAM. Ce périple à travers le pays, ajoute-t-il, est une recommandation des dernières assises du Comité exécutif national (NEC) du 29 janvier 2011.
C’est donc sans surprise que le président national du SDF se montrera très remonté contre ELECAM « dans sa configuration actuelle ». Pour lui, « aucune élection libre, transparente et juste » ne peut être organisée par ELECAM, inféodé, martèle-t-il, par des personnes non neutres. Pour aller aux élections, le SDF propose entre autres, une refonte totale des listes électorales, la désignation de nouveaux membres « neutres et impartiaux » au sein du conseil électoral et de la direction générale d’Elections Cameroon, l’introduction des données biométriques, le retrait sans équivoque de l’administration de l’ensemble du processus électoral, l’institution d’un bulletin de vote unique et l’organisation d’une présidentielle à deux tours. Ces exigences font partie du mémorandum de onze points transmis au président de la République. Elles sont ventilées dans des prospectus distribués à la foule. Ni John Fru Ndi en fait une condition sine qua non de la participation de son parti à l’opération actuelle d’inscriptions sur les listes électorales.
Mais des non-dits sont relevés dans le discours de Fru Ndi. En demandant aux militants de se faire délivrer des cartes nationales d’identité, Fru Ndi ne dit mot sur leurs inscriptions sur les listes électorales. Dans la foule, des militants s’attendaient à ce qu’il évoque l’objet de sa rencontre avec le président de la République. Sur ce point, motus et bouche cousue. Mais dans une entrevue avec les hommes de médias, le chairman soulignera qu’il a remis un mémorandum au chef de l’Etat et qu’il attend sa réaction. Qu’est-ce qui va se passer si ELECAM est maintenue dans sa forme actuelle ? « On mettra sur pied une autre stratégie », balance le président national du SDF. Le SDF va-t-il boycotter alors l’élection présidentielle ? « Je ne suis pas venu parler de la présidentielle, mon parti n’en parle pas encore pour le moment », se rengorge Fru Ndi avant de prendre la route pour Garoua.
