Quelles stratégies adoptèrents les leaders de l’Upc durant les années où ce mouvement nationaliste marqua la lutte pour l’indépendance du Cameroun ? Samedi à la Fondation Muna de Yaoundé, lors de la dédicace de l’ouvrage « L’Upc, de la solidarité idéologique à la division stratégique », publié récemment chez Anibwé par l’historien Simon Nken, cette question est revenue à plusieurs reprises. Pour certains confrères de M. Nken, tel le Pr. Salvador Eyezo’o, ces lignes de démarcation ne transparaissent pas aisément du discours de l’auteur.
Celui-ci pourtant, maintient sa thèse. Pour Simon Nken, la volonté de Mathieu Tagny et Job René Ngapeth, deux cadres upécistes des années 1950 de participer aux élections législatives de1956, contre la volonté des dirigeants clandestins du mouvement retirés à Kumba, en est une preuve. Sauf que, note-t-on dans l’assistance, cette divergence ne peut être considéré comme une division stratégique, du point de vue de l’Upc. N’empêche, poursuit l’auteur de l’ouvrage dédicacé, même durant la période où le pouvoir favorisera le ralliement ou le retour à la légalité, Théodore Mayi Matip incarnait une division stratégique face aux leaders dans le maquis.
Quoi qu’il en soit, s’accordent cependant à penser Simon Nken et son auditoire où une forte délégation d’enseignants d’université était représentée, il est absolument nécessaire pour le Cameroun de se pencher sérieusement sur son histoire. « Il s’agit de montrer que nos pères eurent une éthique unique en Afrique, à l’exception de l’Algérie, qui peut servir comme repère face à la légèreté actuelle », estime l’essayiste. Renchérissant sur ce propos, Mathias Eric Owona Nguini, politologue, juge que « un pays qui n’a pas de conscience historique ne peut que naviguer à vue ».
