Le proviseur du lycée de Gari-Gombo, Tietsa Thierry Nicolas, n’en revient toujours pas du traumatisme qu’il a subi le 3 février dernier. Nous avons tenté de le joindre au téléphone, pour avoir de ses nouvelles. En vain. Et c’est le censeur qui répond aux coups de fil : « Le traumatisme qu’il a subi est important. Il a été tabassé devant presque tous les élèves du lycée, après le cours qu’il venait de dispenser en classe de 3e. Ses agresseurs étaient même venus au lycée avec leurs oncles et frères pour l’humilier. Il s’en est sorti avec des blessures au front et des vêtements déchirés… », raconte Patrice Messankala. Le censeur du lycée ajoute avoir assisté à cette scène, sans pouvoir apporter le moindre soutien à son patron. Ce d’autant plus que lui-même était dans le collimateur de ces « barbares ».
Mais comment en est-on arrivé à tabasser le proviseur dans son établissement ? Selon les récits des témoins, tout serait parti d’un match de football opposant les élèves de 5e à ceux de 2ndeC, le 26 janvier 2011. Laquelle rencontre a vu la victoire de la 5e. Défaite que l’un des fils du maire de la ville, le prénommé Wadjé, n’a pas digérée et l’a mise sur le dos de son coéquipier Sambo. Après le match, Wadjé bastonne publiquement ce dernier. C’est ce comportement qui va mettre le feu aux poudres. « Wadjé, élève absentéiste et désinvolte, a continué sa provocation une fois rentré en classe. Il a même poché l’œil de Sambo devant tous ses camarades, aidé par son frère Yérima, également en 2nde C», indique le censeur qui dit avoir conduit les bagarreurs au bureau du proviseur ce jour-là.
C’est alors que Tietsa Thierry Nicolas s’est chargé de punir les deux fils du maire (venus à l’établissement en tenue de sport uniquement), en leur demandant de se mettre à genoux. Sanction qu’ils ont systématiquement refusée, en menaçant ce dernier dans leur langue maternelle. « Ils ont alors décidé de rentrer au quartier, en narguant le proviseur et quelques minutes après, ils sont revenus en compagnie de leurs proches et sans rien dire, ils ont cherché le proviseur qu’ils ont copieusement passé à tabac… », précise le censeur. Très vite, les enseignants, se sentant humiliés, ont refusé de dispenser les cours. Alerté de la situation, le préfet de la Boumba et Ngoko est descendu sur le terrain pour apaiser les esprits et remettre de l’ordre. Le maire de la ville, Mgbakobo David, a été contraint d’adresser une lettre d’excuses qu’il a publiquement lue et présentée au proviseur. Dans la foulée, la progéniture indisciplinée du magistrat municipal a été exclue de l’établissement scolaire.
