Eric Mbacha ne cachait pas sa joie samedi en recevant son trophée des mains du ministre des Sports et de l’Education physique, Michel Zoah, après sa victoire sur l’ascension du Mont Cameroun. Découragé, incapable de s’imposer après 12 tentatives infructueuses, malgré des progrès constants, le jeune athlète du Nord-Ouest avait décidé de ne pas prendre le départ de la Course de l’Espoir en 2011. Mais il y a six mois exactement, il convole en juste noces. Sa tendre chérie, qui doit subir l’examen du Baccalauréat cette année, le persuade de ne pas lâcher. Eric Mbacha s’accroche, et après seulement trois mois d’entraînement, le résultat est aujourd’hui au dessus de ses espérances. C’est en solitaire, en 4h29 minutes que le jeune homme de 27 ans a franchi la ligne d’arrivée devant de nombreux supporters acquis à sa cause et qui ne cessaient de scander son nom.
Pourtant, dès le lancement de la course, rien ne plaide en faveur d’Eric Mbacha. La présence du vainqueur 2010, Joseph Wirba, très en jambes, n’est pas pour le rassurer. Encore moins celle des deux Kenyans qui, très tôt, prennent la tête de la course. Mais en fin rusé qu’il est, le coureur du Nord-Ouest, déjà classé 2è puis 3è de la Course de l’Espoir, doublera ses adversaires lors de la descente du 2è refuge du Mont. Un Mont qui, pour la première fois, selon les habitués, s’était complètement ouvert aux visiteurs d’un jour. Yvonne Ngwaya, 23 ans, elle, est tout simplement sur les traces de ses illustres aînés, Catherine Ngwang (5 fois vainqueur) et surtout Sarah Liengu Etonge (7 fois vainqueur dont 4 victoires consécutives). La jeune athlète du Nord-Ouest a franchi la ligne en dansant, avec plus de 10 min d’avance sur sa dauphine. Son talent et son jeune âge sont des signes de ce que son règne ne fait que commencer.
Toutefois, malgré ces excellentes performances des athlètes venus de la région de Simon Achidi Achu, l’ancien Premier Ministre du Cameroun, la 16è édition de l’Ascension du Mont Cameroun aura démontré, s’il en était encore besoin, que cette compétition se meure à petit feu. Faible mobilisation des populations, organisation tatillonne, niveau technique médiocre des athlètes étrangers (33 athlètes étrangers ont pris part à la course aux côtés de 550 camerounais), absence de réels sponsors, service médical à renforcer, sont autant de points sur lesquels les organisateurs doivent se pencher.
Il y a deux ans, les hommes de media avaient pu suivre le déroulement de la course minute par minute, grâce à un hélicoptère affrété pour l’événement, cette année, ce ne fut point le cas. Pourtant, le Mont Cameroun, exceptionnellement, avait dévoilé tout son contenu au public. Les nuages qui le recouvrent généralement ayant disparu. Malheureusement, l’on n’a pas pu ou su en profiter. Que penser des nombreux touristes qui profitaient de cette compétition pour visiter les sites touristiques du pays ? Jacques Sébastien Mbous le reconnaît d’ailleurs lorsqu’il affirme qu’une réflexion est en train d’être menée pour associer le secteur privé à l’organisation de la Course de l’Espoir. Il en va même de la survie de cette compétition présentée, comme unique au monde.
