L’artiste a organisé un concert très couru vendredi à Douala.

La salle de spectacle de Douala-Bercy s’est parée de ses plus beaux atours vendredi dernier. A l’occasion des célébrations des 40 ans de carrière de Nkotti François, le tapis rouge a été déroulé à l’artiste « quarantenaire », ainsi qu’à la pléiade des invités et de ses confrères qui l’ont accompagné. Ils ont tous répondu présent. Le parrain Manu Dibango d’abord, avec lequel Nkotti François « rêvait de partager la scène ». Un rêve exaucé, quand le saxophoniste a accompagné Nkotti sur quelques titres de ses albums solo.

Viennent ensuite les artistes de la génération de la star de la soirée, ainsi que quelques grosses pointures de la musique camerounaise : François Missé Ngoh dont Nkotti « a commencé à interpréter les titres » à ses débuts dans la musique, Henri Njoh, Ange Ebogo, Ndedi Eyango, Ekambi Brillant, Sam Fan Thomas, Tala André Marie, pour qui la casquette d’artiste de Nkotti François est la meilleure, Grâce Decca, Annie Anzouer, etc. Les plus jeunes et des artistes formés ou révélés au public par Nkotti François n’ont pas été en reste : Sergeo Polo, Belka Tobis, sa plus grande trouvaille sans doute, qui lui a dédié un chant de remerciements, ainsi que le groupe Pongo Star issu de Souza qui vient d’être produit par lui, le rappeur Tony Nobody qui pour l’occasion « s’est comporté » en chantant une chanson moins « hip-hop »…

Enfin, les plus attendus, les Black Styl, « meilleur groupe de l’époque», selon Missé Ngoh. Emile Kangue, Toto Guillaume et Nkotti François sont remontés sur scène aux environs de 3h du matin pour réinterpréter quelques-uns de leurs plus grands succès. Même les artistes présents dans le public ont, d’une façon ou d’une autre, participé à la fête. Ben Decca qui improvise une montée sur scène pour accompagner sa sœur Grâce sous les ovations du public, Petit-pays et Dinaly invités à couper le gâteau d’anniversaire aux environs de 2h 30 du matin, etc.

Bref, la fête fut belle. L’on ne s’est presque pas rendu compte que Nkotti François ne se sentait pas bien depuis trois semaines, comme il l’a lui-même avoué au public lors de sa première apparition. Seul hic, les présentateurs n’étaient pas au niveau de la soirée. Mais la qualité des prestations des artistes a grandement contribué à le dissimuler. Malheureusement, le père de Nkotti François décédé dans la nuit du 22 au 23 février dernier, n’a pas partagé la joie de son fils.

Au commencement, les Black Styl…

L’orchestre légendaire des années 70 a joué un rôle déterminant dans la carrière de « Desto ».

Mardi 22 février 2011, à trois jours du grand show à Douala-Bercy, on répète. Dans l’ambiance feutrée du cabaret Mélodies d’Antan, un groupe mythique fait ses réglages en dernier, après les autres. Entre Toto Guillaume, installé avec sa guitare face aux autres instrumentistes, Nkotti François qui teste son micro, Emile Kanguè qui harangue tout ce beau monde, choristes inclus, on replonge quarante ans en arrière. A une répétition des Black Styl à « Moungo River, Bar » qui faisait les beaux jours de Bonabéri.

« Destopellaire », à cette époque, habitait le quartier Déido depuis 1970, année de son arrivée à Douala. Et le fils du Moungo n’hésitait pas, avec ses compères, à traverser, à pied, le pont sur le Wouri pour réaliser son rêve musical. Des moments d’abnégation qui seront récompensés par un succès fou du groupe Black Styl dès son premier album, « Ndutu » en 1972. Desto avait alors 19 ans. Avec la voix puissante, au-delà de toute mesure de Nkotti, le toucher de guitare exceptionnel de Toto, la basse de Kanguè, qui savait aussi mettre à contribution sa voix grave, pour le plus grand plaisir des fans, et les autres instrumentistes de talent, les titres des Black Styl ont marqué l’histoire de la musique camerounaise jusqu’aujourd’hui.

Un succès dans lequel « Desto » va continuer à s’inscrire, même après la dispersion du groupe en 1976, avec le départ de Toto Guillaume pour la France. Nkotti aura une carrière jalonnée de vingt-neuf albums, avec des titres célèbres, dont certains avec les Black Styl : « Françoise », « Black Styl Mwassa », « Makom ma mala », « Mitoa ni tututu », « Retraite a mbamba »… Et son trentième album, un best of, où l’on retrouvera ces bijoux musicaux, aura été l’une des attractions de la célébration de ces quarante ans.

Rita DIBA