Pourtant, face à la réalité du terrain, le Bénin, « l’une des meilleures démocraties de l’Afrique francophone » n’est pas moins à l’épreuve d’une élection présidentielle ouverte et transparente. Le scrutin a eu du mal à partir. Prévue initialement pour se tenir le 27 février, la présidentielle a connu deux reports en moins d’un mois. Reports dus à des raisons logistiques, avec toujours des retards dans les inscriptions électorales alors que paradoxalement, les précédents scrutins dans la donne multipartite se sont déroulés à des échéances connues d’avance, le mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois n’ayant jamais changé. D’après l’opposition, jusqu’à un million d’électeurs potentiels avaient été omis sur les listes ou étaient simplement sans cartes de vote.
A n’en point douter, il s’agit là d’une fâcheuse tergiversation qui n’honore certainement pas un modèle démocratique dont les institutions semblaient fonctionner harmonieusement dans les normes jusque-là. Il est sans doute vrai que tout cela peut faire cafouillage démocratique, le faux départ aura au moins l’avantage de prévenir une crise politique inutile mais non sans conséquences douloureuses avec son corollaire de manifestations, de violences et de paralysie du fonctionnement du pays. C’est dans cet esprit -prévenir tout dérapage- que trois anciens présidents de la République, Emile Derlin Zinsou, Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo sont descendus dans l’arène politique pour appeler au calme et plaider pour des élections apaisées.
Le Bénin a une image démocratique à défendre. Il s’agit incontestablement d’une victoire du peuple depuis l’historique conférence nationale de 1990, la toute première en Afrique, au lendemain du vent de l’Est qui a emporté en 1989 le Mur de Berlin et en dominos les régimes autoritaires des démocraties populaires sous l’aile de l’ancienne Union soviétique. Revêtu de cette formidable aura, comment le Bénin peut-il décevoir ?