La junte militaire dirigée par Salou Djibo, auteur de ce coup d’Etat s’en tire avec des lauriers pour avoir, d’une part, mis fin à une période d’incertitude ouverte par la révision constitutionnelle mettant fin à la limitation du nombre de mandats présidentiels et d’autre part, tenu parole en remettant, à brève échéance, le pouvoir à des autorités civiles, au terme d’un processus électoral participatif et transparent. Elémentaire, dirait-on.
La communauté internationale si hostile à une prise du pouvoir suprême par les armes n’en tolère pas moins cette nouvelle génération de putschistes qui renversent des despotes pour rétablir la démocratie. On l’a vu au Ghana avec Jerry Rawlings, au Mali avec Tumani Touré, en Mauritanie avec Ely Ould Mohammed Vall, en Guinée avec Sekouba Konaté…
Au Niger, tout s’est passé sans couac, si l’on exclut en marge du processus, la détention et l’inculpation de Mamadou Tanja qui continuent de faire polémique.
Au sortir de cette transition, il incombe au nouveau pouvoir à Niamey la responsabilité historique de consolider les fondations d’un Etat de droit, de raffermir les institutions républicaines, plutôt que de détruire la passerelle démocratique qui l’a hissé au sommet de l’Etat. Au risque d’irriter une nouvelle l’armée qui ne peut que veiller au grain, dans un pays qui a connu quatre coups d’Etat depuis son accession à l’indépendance le 3 août 1960.
Outre la consolidation de l’Etat de droit, les défis à relever pour le président Mahamadou Issoufou sont nombreux : d’ordre économique dans ce pays classé parmi les plus pauvres du monde où sévit une sécheresse quasi endémique avec des pénuries récurrentes de céréales en milieu rural, d’ordre sécuritaire, à cause d’une rébellion latente de touaregs, les incursions de Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) dont les faits d’armes situent autour de prises d’otages et d’attentats.