En ce moment, on note un certain engouement des jeunes et moins jeunes, à travers le pays, à se faire établir une carte nationale d’identité (CNI). Surtout que depuis le lancement de la campagne d’intensification des inscriptions sur les listes électorales, des cotisations sont organisées pour faciliter le processus. Sans oublier que le chef de l’Etat a pris une décision réduisant considérablement les frais de confection d’une CNI. Ainsi, nombreux sont ceux qui courent dans les différents points de réception dès qu’ils ont reçu tout ou partie des 2800 F nécessaires. Causant dès lors des files interminables devant les bureaux concernés.
A Yaoundé par exemple, un tour hier dans les deux principaux points d’identification a laissé constater une foule immense. Au siège de la Sacel, filiale du groupe français spécialisé dans la sécurisation de documents et autres diplômes, on note une certaine affluence. Ici, on reçoit jusqu’à midi. A la fois ceux qui viennent pour la première fois et ceux qui sont là pour renouveler une CNI périmée ou remplacer une perdue ou dégradée. « Pour les premières cartes, nous percevons 2800 F, jusqu’en fin avril, tel que prescrit par le président de la République », affirme un employé des lieux. Tous les documents nécessaires, notamment le certificat de nationalité, la photocopie de l’acte de naissance et un justificatif de l’emploi, sont apportés par l’usager. Seulement, il faut détenir le montant exact pour éviter certains désagréments, du genre « je n’ai pas 200 F à vous remettre », ou « je prends combien sur les 10 000 F que vous m’avez remis ».
Le rez-de-chaussée de l’immeuble abritant la direction de la police judiciaire, est également bondé. On a même installé des bancs pour permettre aux usagers de ne pas perdre des forces. Dans un calme relatif, chacun attend d’être servi. Certains qui reviennent de l’intérieur attendent de retirer le récépissé. Mais les discussions aidant, certains commencent à déchanter. Comme ce jeune homme qui affirme avoir dépensé 6000 F pour obtenir sa toute première CNI. « Les agents qui sont là m’ont demandé 3000 F pour légaliser ma copie d’acte de naissance et me faire établir le certificat de nationalité », déclare Benjamin T. Les autres 3000F ont servi pour les photos et le timbre, selon lui. A côté de lui, un autre usager lui dit qu’il n’aurait pas dû payer autant. « Le certificat de nationalité se fait gratuitement au tribunal et certifier une copie d’acte c’est 1000 F. Et pour la carte, tu devais seulement verser 1800 F pour les photos et 1000 F de timbre », explique ce dernier. Trop tard pour faire des réclamations cependant, car selon Benjamin T., ils sont tellement débordés qu’ils ne le recevront pas. Et dire que partout, des affiches, mettant en garde contre les arnaqueurs, sont collées partout sur les murs du poste d’identification !
