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Dossier de la Rédaction

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l’Esstic dissèque le phénomène Wikileaks

Le sujet s’est invité au lancement des activités du Laboratoire d’études en information, communication et médias de l’université de Yaoundé II.

Le phénomène a surgi au devant de la scène internationale en novembre 2010 avec la publication sur ce site désormais célèbre des contenus de 250 000 câbles diplomatiques américains. Et depuis lors, l’« Affaire Wikileaks » ne cesse de défrayer la chronique, épicée par le procès de son fondateur Julian Assange. Une controverse à laquelle des experts en communication de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) ont décidé de s’intéresser, jeudi dernier lors de la journée d’étude du nouveau laboratoire de recherches de cette école. Ainsi, au cours de la confrontation des idées, modérée par le Pr Paul-Célestin Ndembiyembe, les panelistes ont ressorti les contours de l’affaire.

Dans son argumentaire, le Pr Daniel Anicet Noah a vu en cette forme de divulgation de l’information secrète un bouleversement du schéma traditionnel de la communication. Des révélations qui dépouillent le pouvoir de son génie. Lequel génie tient essentiellement du secret. Une situation d’Etat sans secret où même les journalistes n’ont plus la primeur du scoop et à laquelle il faudra désormais s’habituer, car plus les efforts seront faits pour protéger les données, plus ces dernières seront piratées, exactement comme le phénomène des Cd piratés au Cameroun, a conclu le maître des conférences. L’autre paneliste, le Dr Esther Olembe, s’est quand à elle demandée si Julian Assange ne rend pas service aux puissances occidentales. Elle s’appuie sur le fait qu’au départ, en 2006, Wikileaks défendant le principe de bonne gouvernance, a commencé par s’attaquer aux pays africains considérés comme des Etats voyous par les occidentaux tel la Somalie. De même, elle pense que les révélations de Wikileaks sont à l’origine de la révolution tunisienne. A l’en croire, les secrets ainsi publiés le sont avec la complicité des grandes puissances. Pour preuve, soutient l’enseignante de l’ESSTIC, la secrétaire d’Etat américaine aux affaires étrangères avait prévenu les chancelleries de la divulgation des informations de novembre dernier.

Ce débat est intervenu dans le cadre du lancement des activités du Yaoundé médias an information sutdies (Ymis). Un laboratoire associé à l’unité de formation doctorale de l’Esstic animé par des enseignants chercheurs. Laurent Charles Boyomo Assala, le directeur de ce laboratoire en a fait la présentation. L’événement a également servi de cadre à la présentation de deux ouvrages : « Ecrits dans la ville » de Daniel Anicet Noah et «Communication et modernité sociale-questions nord-sud » de Laurent Charles Boyomo Assala et de Jean-François Tetu. Oeuvres produites au sein de ce laboratoire opérationnel depuis un an. Lançant les activités du Ymis, le Pr. René Joly Assako Assako, vice recteur l’université de Yaoundé II et représentant du recteur Jean Tabi Manga, a félicité et encouragé l’équipe dirigeante de l’Esstic pour cette initiative qui permet d’apporter à la société des éclairages dans les domaines des médias, de la communication.

« C’est une modification fondamentale du journalisme d’investigation »

Pr. Daniel Anicet Noah, membre du laboratoire de recherche en information et communication.


Qu’est ce que les phénomènes comme Wikileaks changent dans le schéma traditionnel de la communication ?

La principale innovation de Wikileaks, c'est des procédés numériques d’accès à des niveaux toujours plus élevés de l’information secrète, la possibilité de négocier la diffusion vers le grand public soit directement dans le réseau social, soit à travers les médias. Le schéma traditionnel de la communication se trouve ainsi bouleversé à trois niveaux : au niveau de la collecte de l’information. La règle en journalisme veut que l’on vérifie ou recoupe les sources. Or ici, quand le journaliste cite Wikileaks, il donne tout simplement un chèque en blanc à quelqu’un qui a fait l’autopromotion. La deuxième modification c’est par rapport à la présentation de l’information et plus précisément la technique de citation. C'est-à-dire d’une part comment le journaliste sélectionne ce qu’il va citer et comment il lance les modalisateurs de l’auditoire, ce qu’il va citer. Il peut dire « il semble que » ou « un tel affirme que », etc. Ces deux travaux subissent une influence parce que le journaliste a une prétention à dire la vérité. Maintenant, cette vérité dépendant d’un autre, la technique de présentation de la vérité a changé. Enfin, il y a le compagnonnage, c'est-à-dire quand le journaliste sait qu’il peut donner cette information alors qu’elle a été négociée, dans le cas par exemple des problèmes de gestion à la BEAC. L’information avait été négociée par Wikileaks avec le quotidien Le monde, El pais, Guardian etc. Donc le principe même du scoop, de la donation de l’information prend un coup, par rapport au principe de la concurrence.

D’aucuns ont pensé, avec ce phénomène, qu’on assiste à l’éclosion d’une nouvelle forme de journalisme…

C’est simplement une modification fondamentale du journalisme d’investigation. Désormais, ceux qui maîtrise de l’outil technologique, grâce à leurs performances, peuvent accéder à des niveaux de secret où d’autres ne peuvent pas accéder. Donc, le journalisme d’investigation change en ce qu’à l’époque du scandale du Watergate par exemple, Woodwart et Bernstein du Washington Post avaient presque travaillé comme des fouineurs. Tels de fins limiers, ils ont contacté des personnes, confronté cette information avec d’autres. Mais dans ce cas, il y a des personnes qui vont directement dans les secrets d’Etat. Et cette méthode s’affranchit du recoupement de l’information, donc de la déontologie, etc. En clair, ce n’est pas encore du journalisme, c’est juste de l’information.

En dehors de l’analyse ainsi faite sur Wikileaks, quels concours les chercheurs peuvent apporter à la compréhension des phénomènes médiatiques ?

L’objectif du chercheur c’est de décrire les choses. Parce que celui qui n’est pas chercheur observe de manière syncrétique (de façon globale et confuse, ndlr). Le chercheur observe une chose et il tente d’en faire une analyse la plus exhaustive possible de sorte de pouvoir voir de quel côté il va évoluer. Donc, dans notre laboratoire de recherche, lorsqu’on constate un phénomène, nous tentons d’en assurer une description assez maximale, parce que c’est de cette description que nous pourront apercevoir les tendances par exemple.

Quel avenir prédisez-vous à Wikileaks en tant que chercheur ?

Je crois que ce site a un bel avenir. Je pense que nous préférons faire contre mauvaise fortune bon cœur. Nous ne pouvons pas arrêter les succès actuels, les performances de la technologie du numérique qui permettent d’accéder ainsi à des informations, même les plus sensibles. De la part des personnes qui recherchent l’information, l’avenir est très ouvert, tout comme de la part de ceux qui diffusent l’info. Vous savez qu’il n’y a pas que Wikileaks. Il y a Facebook ou Twitter, qui ont inventé des systèmes dans lesquels n’importe qui peut même fournir des informations complémentaires sans que le journaliste demande.

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