Hier matin, les mines déconfites du personnel et des clients de l’hôtel Safari situé au quartier Nsam à Yaoundé, portaient encore les stigmates d’une nuit particulièrement sanglante. Aux environs de 00h30, dans la nuit de mardi à mercredi, des malfaiteurs – selon toute vraisemblance, ils étaient trois – se sont introduits dans l’hôtel, armés de pistolets automatiques. Au bout d’une trentaine de minutes d’opération, les assaillants ont abattu de trois balles Mathurin Tchakounte, un jeune homme, cadre comptable dans une société de téléphonie mobile. Il était arrivé de Douala lundi dernier, pour des raisons de service.
S’agissant des circonstances du drame, les témoignages laissent planer quelques soupçons sur les mobiles et le mode opératoire du gang. A la réception de l’hôtel, on raconte par exemple que les assaillants à leur arrivée se sont présentés auprès des vigiles comme de potentiels clients. Ce qui a eu le don d’endormir leur méfiance. Ce sont d’ailleurs les responsables de la sécurité qui les ont introduits, avant d’être eux-mêmes mis en joue et neutralisés, avec tous les autres clients qui s’y trouvaient. Cet indice de bonne organisation, raconté par Franck Batela et Serge Foyet, laisse penser que la bande est rompue à cet exercice.
Une autre piste laisse croire que les bandits avaient une cible précise. Des dires du directeur d’exploitation de l’hôtel, à leur arrivée, les malfrats auraient demandé où était logé le propriétaire d’un VX garé au parking. C’est alors qu’après avoir séquestré leurs otages par petits groupes dans des chambres différentes, ils entreprennent de passer les chambres du troisième étage en revue. Dès lors, personne ne sait exactement ce qui s’est passé. Juste trois coups de feu, et l’occupant de la chambre 304 sera trouvé mort, baignant dans son sang. Le VX ne lui appartenait pourtant pas.