Mention très honorable pour un travail de recherche bien mené sur l’histoire politique du Cameroun. C’est le verdict qui a sanctionné hier la soutenance de thèse de Serge Hervé Enyegue Mbatsogo, 36 ans, sur le thème : « L’opposition politique au Cameroun des années 1930 à 1970 : institutionnalisation, ruptures, permanences et mutations.» C’était à l’amphithéâtre 150 du nouveau bloc pédagogique de l’université de Yaoundé I, devant un jury constitué des professeurs Victor-Julius Ngoh, président, Daniel Abwa, rapporteur, Samuel Efoua Mbozo’o et Philippe Blaise Essomba.
Dans le document produit, 602 pages, l’ex-thésard fait l’autopsie d’une opposition camerounaise léthargique entre deux périodes marquées par des faits saillants. Les années 30 renvoient en effet aux prémices de l’opposition, à la création de l’une des premières associations dans le Cameroun français, la Jeunesse Camerounaise Française (Jeucafra). Tandis que les 70 marquent la fin du maquis avec l’exécution d’Ernest Ouandjié. C’est aussi la date où un premier citoyen camerounais tente de présenter sa candidature face à Ahidjo à la présidentielle de 1971, en vain.
L’étude ressort les raisons de quarante années d’échec de l’opposition, tributaire de son inorganisation, de son indigence ou de mécanismes mis en place par le groupe Aujoulat au pouvoir dès 1957, entre autres. Des résultats obtenus au fil de lectures et rencontres avec d’anciens maquisards… Des informations historiques qui, selon l’auteur, démontrent qu’il est aujourd’hui impossible d’envisager une succession au pouvoir par l’opposition.
Par ailleurs, le jury aura décelé dans ce travail des insuffisances comme l’omission de l’histoire de la partie anglophone du pays ou la forte influence du style des sciences politiques dans le document de l’historien.