Venu à la rencontre des familles ayant des tombes au quartier Ntaba, lot 2, le chef de mission de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a longuement tourné autour du pot : « nous vous avons invité tout simplement pour que vous nous indiquiez à quel endroit vous avez eu à enterrer un proche. Par la suite, une équipe de géomètres va descendre sur le terrain pour établir une carte de localisation des tombes. Rien d’autre », a-t-il déclaré. Sans toutefois convaincre les vieillards lui faisant face. Aussi, au bout d’un quart d’heure de tergiversations, le représentant même du délégué du gouvernement auprès de la CUY s’est-t-il résolu à dire ce que les gens semblaient vouloir entendre. Il a alors expliqué que la CUY a lancé une étude pour aménager le site de Ntaba, dont les habitations ont été rasées il y a quelques années. « Nous sommes déjà à la phase de lancement des travaux. Mais il existe ce qu’on appelle le respect aux morts, qui interdit de construire sur des tombes. Donc, on va devoir procéder aux exhumations avant de démarrer le chantier », a-t-il enfin avoué.
En fait, en début de semaine dernière, la CUY a ventilé un communiqué invitant toutes les familles ayant des tombes dans l’espace délimité par les lieux-dits carrefour Etoa Meki, Rond point Nlongkak, carrefour Bata Nlongkak et carrefour Elig Edzoa, à assister à une réunion au domicile du chef de quartier Ntaba en vue de procéder à la reconnaissance et la localisation desdites tombes. Finalement, jeudi dernier, c’est au domicile du chef de 3e degré de Djoungolo II que s’est tenue cette réunion, dans une ambiance particulièrement tendue. Usant de tac et de courtoisie, le chef de mission de la CUY explique que « si le délégué du gouvernement a décidé de faire le recensement des tombes, en vue des exhumations, c’est en réalité pour ne pas choquer les familles. Etant entendu qu’il n’est plaisant pour personne de voir les restes d’un proche traînant sur un chantier ». Il a rassuré les uns et les autres que les exhumations seront effectuées par des mains expertes, aux frais de la CUY qui va également recaser tous les corps au cimetière municipal où les remettre à ceux qui préfèrent les déporter au village.
