Le Pr. Kegne Fodouop, un des trois directeurs scientifiques de la série d’ouvrages en livre la quintessence.

 La série d’ouvrages « Maîtrise de l’espace et développement » vient d’être présentée à Yaoundé. Qu’est-ce qui a motivé cette initiative d’universitaires africains ?

Cette série d’ouvrages restitue les travaux de recherche que leurs auteurs, à savoir les géographes de 17 universités de 11 pays ont mené au cours des dix dernières années sur la contribution de leur discipline – la géographie- au processus de développement de l’Afrique. De manière plus explicite, elle rend compte du chemin parcouru au cours du demi siècle passé par les acteurs politiques, économiques et sociaux du continent africain sur les plans de l’aménagement et de la maîtrise de l’espace à des fins de développement. En présentant ces ouvrages, nous avons voulu prendre le public à témoin, et entretenir ce public sur les tenants et les aboutissants du projet qui a conduit à la parturition de cette série. Le premier public visé ici est constitué d’universitaires, de chercheurs, mais aussi acteurs du monde politique, économique, diplomatique. C’est un moyen de montrer l’exemple aux jeunes chercheurs pour montrer la voie à suivre demain pour prendre la relève.

Quelles peuvent être les applications concrètes des résultats de ces études sur nos pays en développement ?

Avec cette série d’ouvrages, on dispose désormais d’une abondante et solide base de données, de connaissances scientifiques sur les atouts physiques et humains, les contraintes de développement mais surtout les mutations économiques, démographiques, sociales, politiques et géopolitiques que les pays africains connaissent, pour ne pas dire subissent depuis leur accession à l’indépendance. Les décideurs comme les chercheurs peuvent puiser ces informations et en profiter pour améliorer le quotidien des populations africaines. Ce sachant quelles sont les propriétés de l’espace abordé, quelles sont les ressources qu’on peut y trouver. Il suffit à ce moment là d’aller exploiter ces ressources là – de manière rationnelle bien sûr, dans l’optique du développement durable. C’est-à-dire satisfaire les besoins des générations actuelles, tout en ménageant ce qu’il faut pour les générations futures. A partir du moment où les obstacles sont indiqués, il suffit désormais d’agir en trouvant les moyens pour essayer de dominer ces obstacles en agissant sur une nature qui peut être hostile. Bref, il s’agit là de guides pour l’action.

Avec un tel patchwork d’auteurs et de pays d’études la crédibilité scientifique des ouvrages n’est-elle pas un peu biaisée ?

Les contributeurs ont travaillé sur la base d’une méthodologie scientifique éprouvée. La science s’impose à tout le monde. Je ne vais pas donner des détails sur tout le chemin que nous avons parcouru pour en arriver là. Lorsque des auteurs menaient leurs contributions en biaisant la méthodologie, les directeurs scientifiques que nous étions faisaient les recadrages nécessaires. Certains ont dû retoucher leurs contributions pour les faire accepter. Il ne s’agit pas de publications à contes d’auteurs. Et en dehors des expertises des directeurs scientifiques, il y a eu celle de la maison d’édition puisque sa crédibilité et son honorabilité sont aussi engagées dans ces ouvrages.