Pr. Jean-Emmanuel Pondi, secrétaire général de l’université de Yaoundé I, auteur de l’ouvrage « Harcèlement sexuel et déontologie en milieu universitaire ».

 Partant de votre dernier ouvrage sur le harcèlement sexuel en milieu universitaire et au vu des tenues vestimentaires des étudiantes, ne pensez-vous pas qu’elles y sont pour quelque chose ?

Il est vrai que du côté des étudiantes également, on est en droit de s’attendre à ce qu’elles s’habillent de façon correcte. Mais ce n’est pas du tout une raison pour qu’elles soient victimes de harcèlement. Il nous revient à nous, universitaires, de savoir ce qu’on vient faire ici. Il me semble que c’est pour dispenser le savoir et des connaissances. C’est vrai qu’il y a un problème avec les tenues des jeunes filles. Et l’éducation première ici revient aux parents, qui pour beaucoup, ont malheureusement abdiqué. Les parents doivent comprendre que l’éducation des enfants, la moralité et le comportement est d’abord leur responsabilité. Et quand ils font ce travail dès la base, cela facilite le travail des enseignants que nous sommes. Donc, il faut une bonne répartition des tâches entre parents d’abord, enseignants ensuite.

Le  doyen de la Faculté de Médecine et des Sciences pharmaceutiques (FMSP) de Douala vient d’interdire le port de certains vêtements. Pensez-vous que si toutes les filles s’habillent « normalement » il n’y aura plus de harcèlement sexuel ?

C’est fort possible que les tenues vestimentaires soient un accélérateur de la dérive. Mais je pense que c’est normal que les gens s’habillent de façon responsable dans un milieu où on est supposé privilégier la pensée. Franchement, je pense que c’est une bonne idée que de codifier le mode vestimentaire des étudiants et même des enseignants. On ne vient pas à l’université s’exhiber, ni montrer ses beaux vêtements. Donc, le plus sobre serait le mieux.

Pensez-vous qu’on puisse instaurer un code vestimentaire dans les universités de façon générale ?

L’université fait partie de la société. Donc on doit s’y habiller de façon décente. Parce que le terme exact ici c’est habillement décent, qui n’est pas suggestif et qui évite qu’on se trompe de destination. Un amphithéâtre n’est pas une boîte de nuit. Ce n’est pas un lieu de divertissement. C’est un lieu où on doit rechercher la concentration pour amasser des connaissances et non pas pour attirer les regards. Je crois plus en l’autodiscipline qu’en la discipline. A ce niveau il faudrait plus faire appel aux facultés d’autodiscipline. Si cette mesure ne porte pas ses fruits, c’est normal que l’autorité universitaire prenne ses responsabilités et instaure un code vestimentaire.