Passer par le renforcement de la réserve d’or pour tirer l’économie. C’est bien la mission que l’opération Gold se donne au cours de la période 2011-2016. L’opération a été lancée hier à Yaoundé par le ministre de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique, Badel Ndanga Ndinga. Le contexte international a certainement motivé cette option. Depuis quelque temps, en effet, l’or est revenu au centre du système monétaire international. Les cours avoisinent les 1 450 dollars/once aujourd’hui, soit environ 22.000 Fcfa/g (un once=31 g). On prévoit, au vu de la tendance actuelle que le cours pourrait atteindre les 2000 dollars/once, soit 30.500 Fcfa/g. L’or est une devise sûre. Plus les réserves d’un pays sont importantes, plus il est crédible dans le système économique et financier international.
Sur ce plan, le Cameroun a de quoi s’imposer sur la scène mondiale. Le pays produit 178 kg d’or par mois à travers l’artisanat minier auxquel s’ajoutent les 40 kg mensuels issus de la mécanisation de la petite mine dont la production est canalisée par le CAPAM (Cadre d’appui et de promotion à l’artisanat minier). Sur les 178 kg produits chaque mois, 90% sont écoulés sur le marché noir, regrette Paul Ntep Gweth, coordonnateur dudit organisme. Ceci constitue une perte énorme.
Avec l’appui des forces de sécurité, le ministre Badel Ndanga Ndinga pense que le CAPAM peut canaliser 70% de la production artisanale pour approvisionner les réserves d’or du Cameroun logées à la BEAC nationale. Et dans cette perspective, environ 1,5 tonne d’or pourrait être récupérée du marché noir chaque année. Faut-il le signaler, avec une bonne réserve, un pays peut augmenter ses droits de tirages spéciaux, élargir sa capacité d’emprunt à des taux préférentiels pour financer les projets de développement ou même améliorer sa balance commerciale.
C’est une question de positionnement économique. Un pays comme la Chine est en voie de quadrupler ses réserves d’or. Plus de 80% des réserves de changes des Etats-Unis sont assises l’or. Et le ministre de préciser : « En décembre 2008, pour une once d’or à la réserve fédérale d’une valeur d’à peu près 1000 dollars, les Etats-Unis d’Amérique faisaient circuler l’équivalent de 40 000 dollar Us. »
Tout ceci conforte le bien-fondé de la mise en œuvre de l’opération de renforcement des réserves d’or du Cameroun baptisée : Opération Gold. Son succès dépendra d’une combinaison d’efforts de plusieurs administrations : CAPAM, BEAC, gendarmerie nationale, ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique, ministère de l’Economie, ministère des Finances, le MINATD, etc. Comme l’emprunt obligataire, la constitution des réserves d’or peut être considérée comme une mobilisation des financements innovants.
Si les choses se passent comme prévues, c’est-à-dire que si les acteurs jouent chacun sa partition dans le processus, il est attendu une constitution de 31,4 tonnes d’or, une mobilisation de 1.000 milliards de Fcfa d’ici à 2016. Dans ce pactole, on prévoit que la moitié du gain reviendra aux artisans et137 milliards à l’Etat avec une mobilisation de 58.000 emplois.
