La pièce en est à sa énième représentation à Yaoundé. Mais « Pisser n’est pas jouer » continue de drainer des spectateurs. Le 6 avril dernier encore, les moins ponctuels ont dû apprécier le spectacle debout. Il traite du décès d’un jeune garçon, abattu de sang-froid pour avoir uriné sur la statue de la révolution. Sur scène, deux personnages, la mère et le bourreau de l’enfant, pour plus d’une heure de suspense.
La pièce s’ouvre après le crime, sur la scène du meurtre. La mère réclame son fils avec hargne, colère, injures et toutes griffes dehors au soldat. Ce dernier, téméraire en matière de respect de la loi, ne se laisse pas ébranler. Mais il finit par céder, et conduit la mère au milieu des chiens à la recherche des restes du fils. Mais ils sont mordus à leur tour, puis la dame, comme enragée, se précipite sur le monument qu’elle arrose à son tour d’urine. Le soldat n’hésite pas à dégainer de nouveau.
A la fin de la pièce, le metteur en scène Ousmanou Sali, dans le rôle du soldat et Edith Nana, qui incarne la mère du garçon, ont révélé au public leurs motivations. « Ce qui m’a marqué c’est la vie qui se déroule dans l’œuvre. Cette femme qui réclame juste une vie. Elle m’a touché avec sa hargne, sa puissance», révèle Ousmanou Sali. Il dit avoir été envoûté par l’œuvre lors d’une visite rendue il y a quelques années au dramaturge congolais Dieudonné Niangouna à Yaoundé. Pour Edouard Elvis Bvouma, administrateur du groupe, l’œuvre ressort « l’absurdité des luttes révolutionnaires ». Un contexte où, soutient-il, « le droit à la vie est bafoué, et l’éthique remise en question ».
