Avec lui, les déchets ont une nouvelle vie. Dieudonné Fokou, sculpteur, a décidé de donner une "2e chance" – nom de son expo – aux matériaux utilisés puis jetés au quotidien. « J’ai juste voulu donner une nouvelle vie à tout ce qui est supposé mourir », affirme-t-il. Comme son maître, Joseph Francis Sumégné, auteur des statues géantes en matériaux recyclés de Douala, Dieudonné Fokou a dû recycler pour parachever son art. Cuivre, plastique, fer, cartes téléphoniques et électroniques, aluminium… Tout ce matériau, fruit de quelques virées dans des dépotoirs, revient à la vie. 21 sculptures au total sont exposées depuis le 11 avril dans le hall du Djeuga Palace à Yaoundé.
Les sculptures se regroupent en deux sections. La première comporte des réalisations issues de "2e chance", la seconde vie du matériel recyclé. Ce sont de toutes petites pièces illustrant les scènes de la vie commune et mettant en exergue la technologie. La seconde section, intitulée "Les débrouillards", parle, elle, de ces personnes ballottées par les turpitudes de la vie. « Des personnes qui sont obligées de trouver une issue de secours, un job pour s’en sortir », explique l’artiste. L’image de cette dame, apparemment instruite, assise derrière un "call box" allaitant ses jumeaux, est le fruit de la toute première production de l’artiste.
L’auteur essaie de « présenter ces êtres parfois invisibles qui nous frôlent dans les rues, qui nous rendent service avec en retour notre dédain », dit-il. Et d’ajouter : « Pourtant les vrais combats doivent être intellectuels ». L’usage des cartes électroniques et téléphoniques mais aussi de téléphones portables dans ses différentes sculptures prouve à quel point la communication par ces canaux est indispensable. En plus, c’est le seul moyen pour rester toujours connecté.
Pour Joseph Francis Sumégné, Fokou « est jeune, a de l’imagination, fait preuve de spontanéité. Ce sont d’ailleurs des atouts indispensables qui façonnent l’artiste même si ses œuvres manquent de maturité. »
"2e chance" c’est la première véritable exposition de Dieudonné Fokou, chercheur en arts plastiques depuis 13 ans. Il est allé à l’école de Jean Kouam Tawadjé et celle de Joseph Francis Sumégné pour acquérir les bases. A travers ses œuvres il souhaite remettre sur la table la place des valeurs humaines dans notre société. L’expo court jusqu’au 30 avril.
