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Dossier de la Rédaction

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A la poursuite de Picasso

L’expo de céramique d’artistes qui court jusqu’au 30 mai prochain à l’espace Doual’art raconte comment l’utile se joint à l’agréable.


Aux prémices de cette expo, une idée de génie. Celle de Picasso. Le grand Pablo, que l’on connaissait surtout comme le père du cubisme. Dont l’esprit a donné naissance à la deuxième œuvre la plus visitée au monde, la fresque Guernica, exposée au musée d’art moderne de la reine Sofia à Madrid. Mais l’œuvre de Picasso va dépasser le pictural au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : faire de la céramique, domaine de l’artisanat, un art où les créateurs pourraient laisser libre cours à leur imagination. Et beaucoup d’artistes lui ont emboîté le pas.

Artisanat d’art donc, la rencontre de deux univers, utile et agréable. Une histoire qui se raconte depuis le 2 avril dernier à Douala, à l’espace Doual’art, à travers l’exposition « Céramiques d’artistes depuis Picasso », initiative du Centre national des arts plastiques (Cnap) en France. L’inauguration, qui a drainé du beau monde, dont l’ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, rentrait en droite ligne du prétexte de l’expo, créer un cadre d’échanges culturels, donner à voir du talent de l’ailleurs, afin de susciter un intérêt dans le monde artistique camerounais. Intérêt pour un genre pas très prisé par les artistes. Pourtant, à travers le maniement de la terre émerge la liberté de créer.

Et de la liberté, la trentaine d’artistes présents à Doual’art, au travers de leurs œuvres, ont su en user. Ce qui a fait naître les formes les plus improbables. Si pour le précurseur de la céramique d’art d’après-guerre, Picasso, la sagesse est de mise dans l’ensemble, avec plats, assiettes et coupelles en terre de faïence, les autres se sont laissés aller au surréalisme. Comme Christine Crozat et sa molaire géante. Pascal Convert et ses vases anthropomorphes en porcelaine de Sèvres, qui ne sont autres que les moulages de son avant-bras, avec tous les détails anatomiques, les veines etc. Jacques Carelman et sa cafetière pour masochiste, où le bec a changé de côté pour se retrouver sur le même parallèle que l’anse. Robert Combas et sa coupe à fruits sur pied, très flashy.

Et les sens sont questionnés à l’extrême, à l’exemple du coquillage géant de Jean-Luc Vilmouth. Du talon gigantesque de Saverio Lucariello, dont la forme informe à l’intérieur de la chaussure est directement inspirée du baroque, renvoyant à des roses distordues comme à une matière sanguinolente. Un travail de longue haleine où les couleurs de l’œuvre ne sont pas forcément celles d’origine, ayant été transformées lors de la cuisson de la terre. Et où il est difficile d’obtenir des angles droits, et pourtant, Hervé Di Rosa l’a fait avec sa mappemonde cubique... Un dédale d’imagination ouvert au public jusqu’au 30 mai.


« Il a été le premier »

Les précisions de Claude Allemand-Cosneau, commissaire de l’expo et conservateur général du patrimoine au Cnap.

Picasso n’est pas vraiment connu pour sa céramique…

C’est vrai, mais il a pourtant fait plus de 4500 céramiques originales. Picasso a créé des formes qui ont été éditées. Il disait qu’il était très fier de faire des assiettes dans lesquelles on pouvait manger. Il y avait ainsi une sorte de retour à l’utilitaire de l’objet. Il a ainsi décoré des formes existantes, mais a également créé des formes originales comme des pichets zoomorphes. Picasso avait énormément d’imagination et de créativité, et il a fait ça pendant des années. C’est le premier qui a revalorisé ce rapport entre l’artiste plasticien et l’artisan céramique. C’est cette rencontre qu’il me semblait important de valoriser à travers des exemples variés lors de cette exposition.

Justement, cette exposition, quel en est l’intérêt dans un contexte africain en général et camerounais en particulier ?

C’est de montrer justement qu’avec une technique traditionnelle et universelle qui existe depuis la haute antiquité partout dans le monde, on arrivait à des créations qui étaient une vraie collaboration entre un artisan de haut niveau maîtrisant la technique et un plasticien qui d’habitude n’utilise pas forcément cette technique-là. Cela donne donc des œuvres de toute nature mais qui se rapprochent aussi bien de la peinture, de la sculpture et du design des objets utilitaires. De plus, la mission du Centre national des arts plastiques, c’est de diffuser auprès de tous les publics, pas seulement en France, les créations des artistes contemporains.

N’y a-t-il pas un autre prétexte, comme peut-être des similitudes entre la céramique camerounaise et celle d’ailleurs ?

J’avoue que ma connaissance de la céramique d’ici est nulle. Sauf que j’ai vu de la céramique traditionnelle en quelque sorte. Et ce qui existe en Afrique avec une esthétique qui reprend les motifs traditionnels peut être transposable dans presque n’importe quel pays d’une certaine manière. Il s’agit de montrer que par un médium banal finalement, on peut obtenir des résultats extrêmement divers, intéressants et très contemporains. C’est plus pour donner à voir des choses qui ne se font pas ici, mais avec une technique que tout le monde peut connaître et pratiquer. Je ne veux donner de leçon à personne, c’est juste une ouverture, quelque chose à quoi on ne pense pas forcément.

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