Pour remettre sur pied son pays ébranlé par des mois de crise politique, le président ivoirien a du pain sur la planche
« Reconstruire, ce n’est pas le plus dur […] Mais obtenir la paix et la réconciliation après ce que nous avons vécu depuis des années, c’est bien plus compliqué » ainsi s’explique le président ivoirien dans le quotidien français La Croix, paru hier jeudi 28 avril. Parmi les tâches les plus urgentes, Alassane Ouattara explique au journal français qu’il prévoit tout d’abord de mettre sur pied dans deux semaines une Commission Vérité et Réconciliation « à l’image de ce qui a été fait en Afrique du Sud » et qui sera dirigée par un collège de trois personnes, dont deux religieux : un musulman et un chrétien.
Dans le même ordre d’idées, un gouvernement dit « d’union nationale » devrait être nommé dans le courant du mois de mai. Il pourrait y intégrer des ministres du parti de son ancien rival Laurent Gbagbo, le FPI « à la condition qu’ils me reconnaissent comme président… ce qui n’est pas encore le cas », a précisé le chef d’Etat ivoirien. En parcourant cette interview, on se rend compte que dans l’esprit du chef d’Etat ivoirien le plus dur sera sans doute de remettre les Ivoiriens au travail. A l’heure qu’il est, l’administration est à l’arrêt. Ouattara se donne trois mois pour parvenir à un retour à la normale. Il a déjà arrêté la date de son investiture : ce sera le 21 mai prochain.
Quant à la sécurité du pays, il estime qu’en deux mois elle pourrait être totalement revenue, affirmant que la situation s’est déjà considérablement améliorée, même s’il reste encore à mettre un coup d’arrêt au racket et à sécuriser les frontières du pays.
Quel sort sera réservé à son prédécesseur ? Le président Ouattara affirme avoir voulu préserver la sécurité du couple Gbagbo en le plaçant en résidence surveillée dans le nord du pays. « À l’hôtel du Golf, nous n’étions pas à l’abri d’un assassinat », dit-il, promettant qu’il veille au bon traitement des Gbagbo, dans l’attente de leur jugement.
Quoi qu’il en soit, la normalisation semble en bonne voie. Les banques ont commencé à rouvrir leurs portes hier en Côte d'Ivoire après dix semaines de fermeture due aux violences que l’on sait. De l’avis de plusieurs Ivoiriens, le redémarrage du secteur bancaire, est considéré comme le signe le plus clair d'un début de normalisation Il intervient après l'injection dans les circuits financiers par le gouvernement du nouveau président Alassane Ouattara de 395 millions de dollars, soit 177 milliards de FCFA pour payer les deux mois d'arriérés de traitements des agents de l'Etat.
