Avec plus de 600 journaux de diverses périodicités, plus d’une centaine et plus de stations de radio et plus de dix chaînes de télévision, le paysage médiatique camerounais affiche un pluralisme qui cache mal un malaise aux multiples facettes. Aussi bien les observateurs que les acteurs du secteur de la communication s’accordent à reconnaître que la presse au Cameroun ne brille pas par sa viabilité, la quantité n’allant pas de pair avec la qualité. Sur le plan qualitatif, l’entreprise de presse voit sa survie invariablement compromise du fait de pratiques professionnelles douteuses. Outre le manque criant de formation à la profession de journaliste, de nombreux organes de presse qui se bousculent sur le marché s’illustrent par le non respect des règles éthiques et déontologiques, et se rendent coupables des pires dérives. On ne peut que se féliciter à ce sujet, qu’en prélude à la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique centrale ait organisé à Yaoundé les 26 et 27avril dernier un atelier de formation des journalistes sur les questions de droits de l’homme et la liberté de la presse au Cameroun. Ce séminaire a donné l’occasion de recadrer les pratiques professionnelles et de fustiger les dérives déontologiques.
La préoccupation autour des dérives observables dans notre paysage médiatique est d’autant plus d’actualité que les nouveaux médias du XXIe siècle repoussent toujours plus loin les frontières de la liberté d’expression. Avec l’avènement et l’irrésistible expansion du numérique, le paysage des médias se trouve profondément remodelé. Avec la révolution de l’Internet, l’émergence de nouvelles formes de médias (nouvelles génération de téléphones mobiles), le développement des réseaux sociaux en ligne, la donne n’est plus la même. Le choix du thème de la Journée mondiale 2011 de la liberté de la presse – « Les médias au XXIe siècle : nouvelles frontières, nouveaux obstacles » – est révélateur en tout cas du défi auquel sont confrontés à la fois les médias traditionnels que sont la presse écrite ou la radio, et les instances de régulation. Plus que jamais, la survie des médias est largement tributaire de l’usage qui est fait de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et du droit à l’information, surtout en cette ère du numérique.