Le public était venu découvrir un jeune chanteur inconnu. C’est plutôt un musicien charismatique au talent certain qui est apparu sous les feux des projecteurs le samedi 30 avril dernier en soirée au Centre culturel François Villon de Yaoundé.
Les incantations et les quatre accompagnateurs de Christian Ikoumou l’ont précédé sur scène. Le jeune musicien est arrivé, vêtu d’une tenue « afritude », en exécutant les pieds nus, un pas de dance traditionnel, proche de celui des Takam II, mais aussi du bikutsi. Une sorte de rite en somme. « La danse du chercheur », apprendra-t-on. Le jeune homme a ensuite déroulé les morceaux de son répertoire. Des chants, en français et en langue locale, glissants allègrement sur un mélange harmonieux de sons de guitare acoustique, de guitare basse et de percussion. Un style nouveau, appelé « Tuki Music », selon son inventeur, Christian Ikoumou. « C’est un mélange de divers genres, dont du bikutsi, mais joué avec un tempo plus lent », explique-t-il en substance.
Sur le podium du Ccf, l’on a décelé dans les rythmes du chanteur en dreadlocks courts, des airs de Lokua Kanza, l’une de ses idoles. Et aussi de l’engagement. Christian Ikoumou chante pour les femmes stériles, pour ceux qui ne parlent pas leur langue, les rigueurs de l’exode rural et même pour l’amour. Mais on aura surtout remarqué son cri de ralliement, « Osémamoé » (Est ce que tout va bien, ndlr), auquel le public répondait toujours en chœur, « Etoe », comme dans la cacaoyère, dans son village natal, Badissa, dans le Mbam-et-Kim.
Auparavant, deux jeunes, Théo et Chango, guitares en main, ont ouvert le concert avec des love songs, avant d’être rejoints par la bande à Christian Ikoumou. Une équipe constituée de Joseph à la guitare acoustique, Dany à la basse, Stéphane à la percussion et Rosine au choeur, avec laquelle il entend lancer bientôt son premier album de 10 titres. A 20 ans, après 10 ans de musique.
