Il a laissé comme une impression de déjà vu, ou de déjà… entendu. « Pickpocket », le nouveau spectacle de Major Asse, présenté au public du Centre culturel français de Yaoundé mercredi dernier, a, la notoriété de l’humoriste aidant, drainé quelques fans. A l’ouverture, la présentatrice de la soirée a prévenu : l’artiste va débuter par un extrait de sa première production, « Mon Blanc à moi ». On connaît la réplique, et pour la suite, on veut du neuf, question de ne pas rigoler sans cesse des mêmes blagues. Seulement voilà, de « Pickpocket », sont ressortis certains passages familiers des précédentes prestations. Au début de la représentation, plusieurs spectateurs ont fait part de leur mécontentement. Mais le show, une fois déroulé, a révélé des atouts séduction que seul un Major Asse au sommet de sa forme est capable de dévoiler.
Les dieux du rire sont avec la star de l’humour. Le public, crispé au départ, se perd vite dans un brouhaha d’éclats de rire ininterrompus. Surtout quand l’artiste ressort « Ma copine » de son chapeau. Dans « Pickpocket », rien n’échappe à ce voleur impitoyable, prêt à aller jusqu’à dérober les dents de quiconque rirait de ses plaisanteries. L’homme vole tout, absolument tout. Et même raide mort, il continue de terroriser l’ensemble du quartier. Cette cleptomanie maladive, l’artiste s’en sert pour dénoncer des travers observés au quotidien. Ce voleur que Major Asse met en scène, dépeint diverses facettes de la société, sombres pour la plupart. Des colonisateurs qui ont privé de liberté les pays placés sous leur égide, des « détourneurs » de deniers publics au sein du gouvernement, des « sponsors » détournant les jeunes filles de leurs ambitions de carrière et des patrons adultères qui se tapent la bonne une fois que la dame de maison a le dos tourné.
Vol d’indépendance, de conviction, d’opinion, d’avenir. Pour Major Asse, des pickpockets sous toutes les formes, on en retrouve un peu partout. Pour se protéger, l’humoriste invoque l’autodérision. Se détruire avant que les autres ne le fassent. « Ma copine ! Ne me dis pas que tu sors avec ce court type qu’on appelle Major Asse ! », s’étonne l’artiste, simulant une mimique de dégoût. Au final, « Pickpocket » a plu malgré tout. Semble-t-il, avec Major Asse, la répétition ne nuit pas. La preuve, le public en redemande. Bientôt, les deux spectacles de l’humoriste seront mis sur DVD, afin de revivre encore et encore les meilleurs sketchs de Major Asse.
