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Dossier de la Rédaction

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« L’église reste prudente à propos de Nsimalen» [interview]

Les précisions de Simon Victor Tonye Bakot, archevêque de Yaoundé sur "l"apparition de la Vierge" au Cameroun.

Mgr, le Cameroun vient de célébrer les 25 ans de ce qu’il convient encore d’appeler « le phénomène de Nsimalen ». Quelle lecture faites-vous de cet évènement après toutes ces années ?

Je me réjouis du regain de la ferveur de la dévotion que les Camerounais ont envers notre mère la Vierge Marie. Quand vous parcourez les diocèses du pays, vous êtes agréablement surpris de constater que beaucoup de lieux ont été consacrés à la Vierge et que beaucoup d’associations portent son nom. 25 ans après le phénomène de Nsimalen, des chrétiens accourent en ces lieux attestant qu’il y a eu des apparitions. Des foules nombreuses venues de partout continuent d’affluer en ces lieux jour et nuit, année après année. C’est ce que j’appelle piété populaire. Lorsque il y a une dizaine de jours, nous y avons célébré une messe pontificale à laquelle ont pris part beaucoup de fidèles de tous les coins du Cameroun, je leur ai dit que notre ferveur envers la Vierge Marie ne doit pas connaître de baisse.

Beaucoup de personnes affirment que leur vie a changé, soit parce qu’elles ont été témoins du phénomène, soit parce qu’elles y ont cru. L’Eglise a-t-elle vérifié ces affirmations ?

Il est difficile de parler de vérification dans ces cas. Quand des malades, des personnes atteintes d’un mal physique ou moral allaient à la rencontre de Jésus, elles demandaient une intervention pour se sentir mieux. Et chaque fois que Jésus posait un acte de guérison, il disait toujours à la personne : «va en paix, ta foi t’a sauvé ». Il est donc important de mentionner la foi de nos chrétiens. Ils viennent prier et savent qu’une prière confiante, faite avec humilité et ouverture envers Jésus et les saints obtient toujours une réponse. Peut-être pas immédiate, mais une réponse de la part du Ciel. C’est pourquoi je m’en remets aux témoignages nombreux des personnes qui déclarent avoir été guéris à Nsimalen.

Vous avez, il y a quelques années, érigé un nouveau lieu de culte dans les alentours du lieu de l’apparition totalement consacré à la dévotion mariale. Pourquoi ?

Lorsque j’arrive à Yaoundé fin 2003, des prêtres, religieux et religieuses viennent me voir pour me dire leur détresse et leur traumatisme dans leur foi parce que le lieu de prière de Nsimalen leur est fermé. Il a été interdit à la dévotion. Face à cette détresse morale et spirituelle, j’ai estimé, en mon âme et conscience, qu’il n’est pas judicieux, ni opportun, d’interdire à des chrétiens d’aller prier en un lieu. Les Hébreux ont passé 40 ans dans le désert où il n’y avait ni oratoire, ni chapelle, ni basilique, ni cathédrale, et le Seigneur était avec eux dans leur pèlerinage. Pourquoi est-ce que les fidèles de Yaoundé et d’ailleurs ne pourraient donc pas aller prier la Vierge Marie où ils en ont l’intention ? C’est pourquoi le 31 mai 2005, j’ai décidé d’ouvrir Nsimalen à tous les fidèles comme sanctuaire marial, un lieu de prière, de dévotion, de piété, pour que chacun se sente libre d’y aller non pas la nuit, mais le jour.

Est-ce un premier pas vers la reconnaissance du phénomène par l’Eglise ?

La reconnaissance de Nsimalen a deux étapes. D’après le directoire de la congrégation pour la doctrine de la foi, il est établi qu’un évêque a le droit de faire ce qu’on appelle la reconnaissance canonique d’un lieu comme sanctuaire diocésain. Et l’approbation canonique équivaut à une reconnaissance officielle du lieu sacré et de sa finalité spécifique. Celle-ci consiste à accueillir les pèlerinages du peuple de Dieu organisés en ce lieu pour adorer le père, professer la foi, se réconcilier avec Dieu, avec l’Eglise et avec ses frères, et implorer l’intercession de la mère du Seigneur ou d’un saint. Pour moi la reconnaissance canonique peut intervenir à tout moment, puisque cela relève de la compétence d’un évêque. En revanche, malgré les témoignages positifs tendant à confirmer qu’en ces lieux il y a eu des apparitions de la Vierge Marie, l’Eglise reste prudente. C’est pourquoi j’ai déclaré le 13 mai dernier que nous sommes en train de constituer un dossier important que nous allons soumettre à l’approbation de notre hiérarchie, à savoir le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Après avoir apprécié ce qui s’est dit, ce qui se dit et se fait, qu’il nous aide à tirer une conclusion afin d’aider les nombreux fidèles et pasteurs qui se ruent à Nsimalen. L’Eglise étant prudente, la reconnaissance des apparitions peut prendre 25 ans, 30 ans, voire plus. Il y a des centaines de lieux qui ont été déclarés lieux d’apparition de la vierge Marie. Mais l’Eglise n’en a reconnu que deux : Fatima et Lourdes. Toutefois, ceci n’enlève rien à la dévotion des chrétiens et aux bénéfices qu’ils peuvent en tirer à travers une spiritualité assidue. D’ailleurs je continue à les encourager d’aller prier en ce lieu où nous nous apprêtons à construire une église, un chemin de croix, des résidences, une salle de conférences.

Où en sont les enquêtes à ce sujet ?

Au moment où je vous parle, nous sommes en train de recueillir beaucoup de témoignages écrits, oraux… Nous sommes en train de monter des vidéos cassettes pour montrer que tous les fidèles qui s’y sont rendus et qui ont été l’objet d’une guérison ou d’une assistance particulière de la part de la Vierge Marie, ont raison de continuer à y prier. Et cette prière est tout simplement l’expression de leur foi et de leur ferveur.

Aujourd’hui, le fait qu’il y ait encore des divisions au sujet de ce phénomène n’est-il pas de nature à ralentir cette reconnaissance ?

Je ne sais pas s’il y a lieu de parler de division. Il y a eu un temps où la piété à Nsimalen allait dans tous les sens. On avait des voyants, des gens qui se baignaient à la rivière quand on célébrait une messe, ceux qui partageaient leurs messages aux autres etc. C’était du désordre. Alors j’ai décidé de nommer un recteur au sanctuaire marial de Nsimalen pour restaurer l’ordre et la discipline afin que les gens qui y vont puissent prier en paix. Je pense plutôt qu’il y a des sensibilités qui se manifestent ici et là. Les uns qui y croient, les autres qui n’y croient pas, certains qui sont prêts à y aller tous les jours et ceux qui y vont de temps en temps. La piété et la dévotion sont une affaire personnelle.



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