En présidant jeudi, dans un établissement scolaire de la capitale, une cérémonie organisée dans le cadre de la Journée de l’éthique et du civisme, le président de l’Assemblée nationale a voulu sans doute envoyer un signal fort à la communauté nationale, en commençant par les plus jeunes.
Le lieu choisi, le principal thème à l’ordre du jour et les principaux destinataires du message sont loin d’être anodins. Les manifestations prévoyaient une leçon d’éthique et d’éducation à la citoyenneté dispensée par un enseignant à un groupe d’élèves, en plus des travaux en atelier dans les départements ministériels en charge de la jeunesse. Objectif : évaluer l’apport de l’école dans la formation éthique et morale des jeunes. Au-delà de la portée symbolique, la présence des ministres de l’Education de base et des Enseignements secondaires en dit long sur le souci des pouvoirs publics de réhabiliter certaines valeurs qui constituent le fondement de toute société humaine organisée et normalisée.
Et pourtant, cette évidence tarde à être comprise et intégrée par tous. A l’heure où l’atteinte à certaines valeurs sacrées tend à se banaliser, il peut sembler ringard d’exiger d’un cadet le respect de son aîné ou d’une femme le port d’une tenue plus décente. Sous nos yeux, se déroulent souvent des « expositions » qui agressent aussi bien les sens que le sentiment de dignité humaine. Et quand s’y ajoute le rejet des valeurs qui fondent notre appartenance à une citoyenneté commune, le vase social a vite fait de déborder.
Comment faire pour redresser la barre ? Il est évident que le développement passe d’abord par la formation des hommes. Encore faut-il que le citoyen lambda, bardé des diplômes les plus prestigieux, soit aussi imprégné de qualités morales et civiques. Pas besoin d’un exposé philosophique pour faire comprendre que le civisme se résume au respect de certains principes tels que la préservation du patrimoine public, le dévouement pour la cause commune, le respect de l’autre, l’amour de la patrie, le sentiment et la fierté d’appartenir à une citoyenneté partagée, la défense des valeurs morales. Voilà autant de valeurs et gestes qui façonnent l’esprit civique. A contrario, le déficit d’éthique et de civisme, tant décrié de nos jours, est sans doute lié à la perte de certaines valeurs fondamentales comme l’honnêteté, la sincérité, la loyauté, la décence, la bonté, le respect des aînés, de la hiérarchie, etc. Dans certains de nos établissements scolaires, le relâchement coupable dans l’habillement comme dans le comportement est intimement lié au laxisme généralisé ou aux complicités coupables entre enseignants et élèves. Alors que ces derniers sont souvent les seuls indexés, une observation plus attentive de l’indiscipline dans les lycées et collèges laisse transparaître un partage des tords, du moment où certains éducateurs, vautrés dans la fange, ont du mal à se muer en donneurs de leçons...morales. Pour mieux s’adapter à un contexte national évolutif et à un environnement international en mutation, il est urgent d’intégrer davantage l’éducation à la citoyenneté dans les programmes scolaires. Lorsqu’on observe l’essoufflement de la vertu et l’attrait du vice exercé sur nos enfants, on ne peut que s’interroger sur la mise en pratique des cours de morale encore dispensés. C’est dire le rôle primordial que l’enseignant est appelé à jouer dans la réhabilitation de l’éducation à la citoyenneté. Ce qui ne dédouane pas pour autant les parents de leurs devoirs et obligations vis-à-vis de leur progéniture. La banalisation en milieu jeune du phénomène DVD (dos et ventre dehors) ou le regain d’obscénités dans le langage courant met à nu la défaillance de la cellule familiale qui devrait constituer le premier noyau d’éducation de l’homme et de formatage du citoyen. Entre l’école et le cocon familial, le rejet croisé des responsabilités serait la pire des solutions, au détriment d’une complémentarité agissante.
