A l’évidence, pareille sortie ne saurait être gratuite. D’autant qu’il s’en dégage comme une volonté de l’Assemblée nationale d’affirmer, mieux que par le passé, son rôle dans le contrôle de l’action du gouvernement et de ses structures opérationnelles. Bien plus, elle semble résolument placer les députés dans une posture à la fois vigilante et de défense des intérêts des communautés qu’ils représentent.
Sur la question de la production cotonnière, comment ne pas se souvenir que lors du comice agro-pastoral d’Ebolowa, le président de la République, Paul Biya, avait instruit la « relance de la culture du coton pour répondre à une augmentation prévisible de la consommation mondiale qui commence à se manifester », mais aussi pour préserver l’une des filières « créatrices de rentrées de devises et d’emplois » ? L’appel de Cavaye Yéguié Djibril, du 6 juin dernier, au chef du gouvernement, sur l’urgence de « sauver le coton camerounais » se situe de fait sur la même lancée. Dans un contexte où les questions de lutte contre la pauvreté, de développement des secteurs à haute intensité de main-d’œuvre et pourvoyeurs de richesses, de lancement tous azimuts des grands chantiers pour donner corps à la politique des Grandes ambitions, cristallisent tous les efforts, une filière comme le coton exige une plus grande attention. Une attention soutenue. Comme celle accordée au cacao dont la politique de relance porte déjà des fruits. Une attention méritée. D’autant que dans la partie septentrionale du pays, le coton est l’une des principales sources de revenus. Mais, l’activité qui mobilisait il y a quelques années l’essentiel de la population active de la région, suscite davantage de désaffection. Illustration: en 2010, à peine 100.000 producteurs s’intéressaient encore à cette culture, contre…300.000 en 2005. Avec comme conséquence, la paupérisation desdites populations.
L’on perçoit donc l’urgence d’agir qui anime le chef de l’Etat. Urgence relayée à sa manière par le président de l’Assemblée nationale. Agir, pour relancer une filière dont l’importance pour l’économie nationale n’a d’égale que son apport à la stabilité socio-économique des zones de culture. En amont, l’Etat a engagé diverses actions assises sur un plan d’appui aux cotonculteurs. Plan visant entre autres à encourager les producteurs et à augmenter substantiellement la demande interne de la fibre de coton. La subvention des engrais par le gouvernement, à hauteur de 6.800 F par sac, instruit par le chef de l’Etat, et qui est effective depuis l’année dernière, participe de cette stratégie.
Reste alors l’appropriation en aval de cette dynamique de relance. C’est elle qui semble poser problème, si l’on s’en tient à la sortie du président de l’Assemblée nationale. Les propos énoncés par Cavaye Yéguié Djibril, lus entre les lignes, résonnent tel le chant d’un cygne. Et celui entendu au sein de l’hémicycle de Ngoa Ekelle laisse croire que, désormais, la représentation nationale sera davantage soucieuse des performances des entreprises publiques, par delà les quitus et autres satisfécits de bonne gestion délivrés aux dirigeants par les conseils d’administration.