Les coûts se discutent parfois hors des boutiques et la livraison se fait sous cape. La nouvelle de l’importation d’une cargaison de sucre a certainement fait souffler un vent d’espoir chez les consommateurs, pour un produit qui n’achalande pas particulièrement le marché en ce moment.

Une ménagère est désemparée, en plein marché central de Yaoundé. Son périple à travers plusieurs boutiques de détaillants et grossistes des produits de première consommation ne lui a pas permis de trouver le sucre, pour une fête familiale qu’elle prépare. Elle est accostée au cours de son errance entre les boutiques, par un jeune homme banalement assis sur un banc. « Madame vous désirez ? », lui lance-t-il. « Du sucre » répond-elle. « Quelle quantité ? », poursuit son interlocuteur, visiblement intéressé par cette demande. « Un carton ou un sac », repart-elle. « 19.000 F pour la carton de 25 kg et 32.500 F pour le sac de 50 kg ».

La dame, étonnée de ce renchérissement des prix explique à son interlocuteur le dernier sac de 50 kg, elle l’a acquis à 28.000 F. « Ça c’était certainement il y a longtemps », lui rétorque-t-il très amusé que sa « cliente » soit si peu informée de la hausse des prix sur le marché. La discussion jusque-là se passe en bordure de route. Aucune trace des produits ainsi marchandés. A la demande de la cliente, le « vendeur » pointe du doigt une voiture garée non loin, où une transaction est en train de se dérouler, au niveau de la malle arrière. Une autre cliente qui vient de « conclure l’affaire » reçoit discrètement un carton de sucre et quitte rapidement les lieux. La cliente comprend alors que son sac de sucre lui sera vendu au noir.

Cette année encore, la pénurie se fait ressentir et les prix flambent. Le commerce clandestin et la spéculation en profitent pour faire leur lit. Les coûts se discutent parfois hors des boutiques et la livraison se fait sous cape. La nouvelle de l’importation d’une cargaison de sucre a certainement fait souffler un vent d’espoir chez les consommateurs, pour un produit qui n’achalande pas particulièrement le marché en ce moment. 850 F le kg (contre 650 à 700 F il y a quelque temps), 19.000 F en moyenne pour le carton de 25 kg et entre 32.000 et 35.000 F pour le sac de 50 kg. Les prix homologués situent pourtant à 550 F le coût du kg de sucre granulé et 650 F celui du sucre en morceaux (26.000 F et 27.500 F pour les sacs de 50 kg).

La production de la Sosucam, que certaines statistiques situent à 130.000 tonnes par an, cumulée à celle des entreprises Nosuca et Sumocam, auxquelles s’ajoutent les importations autorisées par l’Etat, ne parviennent pas à satisfaire la demande nationale, estimée à 200.000 tonnes par an. Des sources concordantes accusent des importations non-conformes à la réglementation vers des pays voisins, où le kilogramme se vend au moins deux fois plus cher. Une saignée qui limite l’approvisionnement du marché national et favorise la spéculation. Le ministère du Commerce déclare s’être saisi de la question.