La signature lundi par le ministre de l’Energie et de l’Eau d’un protocole d’accord avec la société Pia Energy Jvc en vue de valoriser le potentiel énergétique des ordures ménagères va en droite ligne des efforts du gouvernement pour diversifier les sources d’approvisionnement en énergie et fournir aux consommateurs une ressource de qualité et au moindre coût. Le recours aux sources alternatives d’énergie électrique constitue un défi majeur au moment où les pouvoirs publics ont engagé un gigantesque programme de lutte contre le déficit énergétique qui a jusqu’ici plombé nos perspectives de développement dans un environnement mondialisé et modelé par des mutations diverses. Cela passe inévitablement par l’accroissement de l’offre largement insuffisante.

Après l’hydroélectricité et les centrales thermiques, voici venu le temps des…ordures. On savait depuis toujours que la production des déchets est inhérente aux activités humaines, qu’elles soient domestiques, agricoles, industrielles ou commerciales. Beaucoup ignoraient en revanche que les ordures ménagères constituent une richesse jusqu’ici peu exploitée. Certes, les déchets organiques sont utilisés depuis longtemps dans nos campagnes, pour la production du compost et autres engrais naturels. Mais produire de l’énergie électrique à partir des déchets est une grande première au Cameroun. Qui l’eût cru, il y a quelques années à peine, lorsque nos grandes métropoles croulaient sous des montagnes de détritus infects dont on ne savait par trop comment s’en débarrasser. Le choix des villes de Douala et Yaoundé pour servir de cadre à l’opération de valorisation industrielle ne participe pas du hasard. Selon une évaluation récente, les habitants de nos deux principales métropoles produisent en moyenne 2600 tonnes de déchets ménagers au quotidien dont les deux tiers à peine sont collectés. Il va de soi que le ramassage des ordures dans nos cités va connaître une nouvelle impulsion avec le renforcement du parc automobile de la société Hysacam qui entend diversifier ses activités.

Beaucoup de réflexions ont été menées ces dernières années sur la meilleure façon de valoriser les déchets dans nos villes. Le premier résultat concret aura été l’inauguration le 29 juin dernier, d’une première centrale de captage de biogaz à la décharge de Nkolfoulou, près de Yaoundé en attendant une autre prévue à Douala. Un tel dispositif devrait permettre d’éviter le rejet dans l’atmosphère du méthane produit par le compactage des ordures ménagères, mais aussi, à terme, de le transformer en énergie électrique. A condition d’avoir du gaz en quantité suffisante. Venant à la suite des précédentes initiatives, le protocole d’accord qui vient d’être signé va certainement contribuer à approfondir la réflexion sur la réalisation des espaces de collecte des ordures et la mise en place des unités de production d’énergie électrique.

Nos partenaires extérieurs peuvent compter sur la bonne volonté manifestée par les communautés urbaines de Douala et de Yaoundé ainsi que sur l’énorme potentiel existant. Selon des spécialistes, les déchets ménagers au Cameroun sont constitués à 80 % de matières organiques et biodégradables. Sans trop d’effort dans le tri, on peut ainsi envisager sans trop de peine une production d’électricité à partir. C’est dire que la ressource est largement disponible pour envisager la production électrique à partir du biogaz. En attendant de mesurer l’impact d’un projet aussi novateur sur la satisfaction des besoins croissants des ménages et le renforcement des infrastructures électriques en général, il reste à souhaiter qu’il ne soit pas noyé dans les multiples étapes à franchir pour son aboutissement.

On ne perd rien à attendre.