Surprise chez les invités à la plénière de clôture du 3è congrès ordinaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Lorsque Cavaye Yeguié Djibril, le président du bureau du congrès lit le procès verbal de l’élection du président national, beaucoup apprennent, à ce moment-là, que Paul Biya avait un challenger. Qu’il a certes battu à plate couture (1134 voix contre une seule). Mais la candidature de René Ze Nguelé a fait grand effet vendredi au palais des Congrès de Yaoundé.
D’après des indiscrétions glanées ici et là, CT a pu reconstituer le film de cette élection. C’est d’abord le président du bureau du congrès qui annonce ce point de l’ordre du jour : « Maintenant, nous allons passer aux choses sérieuses », déclare Cavaye Yeguié Djibril. « Y a-t-il un candidat ? » Silence dans la salle. Mbella Moki Charles, de la délégation du Sud-Ouest, demande la parole et s’avance vers l’estrade. Le maire de Buea ne vient pas annoncer sa candidature, mais proposer celle du président national, Paul Biya. Il n’a pas le temps de terminer son propos, interrompu par un tonnerre d’applaudissements. Les délégués, debout, ont déjà entonné le célèbre « Paul Biya, Paul Biya, notre président ! ».
Mais Cavaye Yeguié Djibril a aperçu à droite, dans la salle, la main levée de René Ze Nguelé. Le délégué venu de l’Est est appelé au micro. Quelques secondes plus tard, le voilà qui parle. Et surprise ! On était sûr qu’il venait appuyer la proposition de Mbella Moki. Mais l’ancien ministre et ancien député annonce sa propre candidature. Petit moment de stupeur. M. Ze Nguelé, imperturbable commence à développer son argumentaire. Il explique que dans le cadre de la « nouvelle dynamique » insufflée par le président national, il se porte candidat. « Vous me connaissez bien, je n’ai jamais fait dans le désordre », poursuit l’orateur. Il explique qu’avec les grandes réalisations en vue, le président national, président de la République aura besoin d’être concentré. Et se propose d’assumer les hautes charges du parti. Des voix s’élèvent, vite calmées par le président du bureau du Congrès. « Nous sommes en démocratie et il a le droit se présenter. Laissez-le tranquille ! », s’écrie Cayave Yeguié Djibril.
Et alors que le candidat Ze Nguelé a fini de développer, c’est Mme Yaou Aïssatou qui demande la parole. Cette fois, pas de surprise. La présidente du bureau national de l’OFRDPC reconnaît à M. Ze Nguelé le droit d’être candidat. Mais appelle tout de suite toutes les femmes à voter massivement pour le candidat Paul Biya. Nouveau tonnerre d’applaudissements. On passe au vote. Cavaye Yeguié Djibril : « Qui est pour le candidat Paul Biya ? » Toute la salle est debout. Le président du bureau constate : « J’ai vu 1134 personnes debout… même M. Ze Nguelé s’est levé ». Cavaye : « Qui est pour l’abstention ? » Aucune réaction. Puis : « Qui est pour le candidat Ze Nguelé ? » Silence. Le concerné finit par se lever. Cavaye : « qui est pour l’abstention? » Le résultat est sans appel: « Le candidat Paul Biya est élu par 1134 voix contre une ». L’élection s’achève par le chant en l’honneur du vainqueur.
René Ze Nguelé sera quand même applaudi quelque temps après, lors de la plénière publique de clôture, lorsque son nom apparaît dans la liste des membres élus du Comité central. La démocratie aura passé un bon moment au palais des Congrès vendredi. Et Paul Biya, en soulignant qu’il a été élu « à l’unanimité… moins une voix », en est visiblement satisfait.
