La place Tahrir au Caire en Egypte a de nouveau été le théâtre d'un massacre. Dimanche dernier, vingt-quatre personnes ont été tuées et plus de 200 autres blessées dans de violents affrontements entre des forces de l'ordre et des Coptes (chrétiens d'Egypte).Selon l’AFP, ces derniers manifestaient pour protester contre l'incendie d'une église dans le sud du pays (gouvernorat d'Assouan).Ils demandaient également le renvoi du gouverneur, à qui ils reprochent de n’avoir pas su protéger leur lieu de culte, d’après Reuters. Le cortège a bloqué une rue devant le siège de la télévision officielle égyptienne, lancé des cailloux et des engins incendiaires sur les forces de l'ordre et mis le feu à plusieurs véhicules militaires, indique l’agence de presse. En marge de la manifestation, des échanges de tirs ont eu lieu, ajoute Reuters.
Il s’agit-là de la plus meurtrière des manifestations depuis la révolte de février dernier ayant abouti à la démission du président Moubarak. Mais, la paix tarde à revenir. Les mouvements d’humeur des populations qui protestent au sujet de la gestion du pays par l’armée sont fréquents. Le régime militaire au pouvoir ne semble pas avoir convaincu la population, les rivalités entre musulmans et chrétiens coptes restent d’actualité.
Après la tragédie, le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir, a décidé d'instaurer un couvre-feu de 2h à 7 h du matin sur la Place Tahrir et dans le centre-ville du Caire, pour tenter de ramener le calme. La sécurité a aussi été renforcée autour du Parlement, du siège du conseil des ministres et du musée archéologique du Caire, a constaté l’AFP.L'armée égyptienne a chargé hier, le gouvernement d'enquêter rapidement sur ces violences. Une commission d'enquête devrait être formée pour déterminer les responsabilités, a indiqué l'armée dans un communiqué lu à la télévision publique. Ainsi, hier, le Premier ministre égyptien Essam Charaf,a convoqué une réunion d’urgence du gouvernement.
Réagissant à ce massacre, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle s’est dit préoccupé. "Il s’agit d’une situation que nous ne pouvons pas du tout accepter", a-t-il déclaré selon le quotidien marocain Le Matin. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a dénoncé de son côté des "violences très graves" contre la communauté chrétienne d’Egypte et souhaité "une condamnation unanime" de l’Union Européenne, toujours selon le journal.
Pour l’armée égyptienne, ces affrontements sont dus aux efforts de certains pour détruire les piliers de l'Etat et semer le chaos. Elle assure qu’elle prendra les mesures nécessaires pour rétablir la situation sécuritaire, rapporte l’AFP.
