Les braconniers ont encore fait parler d’eux dans le Parc de Lobeké. Pierre Achille Zomedel a été tué dans l’exercice de ses fonctions, suite à une confrontation avec des braconniers lourdement armés, dans la zone de chasse sportive numéro 36, située au nord de ce parc du département de la Boumba et Ngoko. Le drame s’est produit à dix kilomètres du fleuve Sangha, à Libongo, à la frontière du Cameroun avec la R.C.A. Jean Fils Mamendji a aussi reçu deux balles au bras droit et à l’épaule. Ces gardes forestiers n’étaient pas armés. « Les écogardes mènent des opérations dans ces zones considérées comme le sanctuaire de dangereux braconniers, sans armes adéquates », déplore Albert Mounga Abana, conservateur du Parc national de Lobéké (PNL). Et de préciser : « Parfois, dix gardes forestiers se partagent une vieille carabine ». Et la seule arme disponible ne fonctionne plus. » Les vingt-neuf écogardes de ce parc sont sans défense. S’exprimant depuis Djembé, une base éco-touristique située sur le flanc-est du PNL, le secrétaire d’Etat aux Forêts et à la Faune, Joseph Matta, a souligné le besoin de mettre à la disposition des conservateurs des ressources substantielles pour lutter contre le braconnage. « Nous devons prendre le taureau par les cornes et fournir des armes aux gardes forestiers », a-t-il préconisé.
Informées de l’incident, les autorités administratives de la Boumba et Ngoko ont dépêché des éléments du BIR et de gardes-chasses pour traquer ces meurtriers qui courent encore. L'équipe a découvert les restes de Pierre Achille le 28 septembre. « Les braconniers ont torturé la victime avant de la pendre », a avoué un élément du BIR. Le corps de Pierre Achille est conservé à la morgue de Yokadouma, en attendant ses obsèques. Le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), qui fournit un soutien technique et financier au ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) dans la lutte contre le braconnage dans ce parc, estime que seuls des gardes forestiers bien équipés sont à mesure de faire face aux braconniers agressifs et armés de kalachnikovs AK47. « Le Cameroun doit renforcer les capacités des gardes forestiers à travers le pays en termes d’effectif, de formation, d'équipement et d’armes semi-automatiques. Les gardes forestiers travaillent dans des conditions périlleuses pour protéger la faune précieuse et unique du Cameroun », précise David Hoyle, directeur de la Conservation de WWF Cameroun.
Rappelons que le Parc de Lobeké héberge des espèces en voie de disparition tels que les éléphants, les gorilles, les chimpanzés, les antilopes et autres espèces rares. Le Sud du Cameroun attire toutes sortes de braconniers, allant des fournisseurs de petite échelle de viande de brousse aux grands trafiquants d'ivoire, ‘‘à cols blancs’’. Les gardes forestiers du Sud Cameroun ont, avec le soutien de l’armée, confisqué 17 armes de guerre AK 47 des braconniers, en 2010. Depuis janvier 2011, près de 50 braconniers ont été arrêtés dans le PNL et envoyés à Yokadouma pour être jugés.
