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Dossier de la Rédaction

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Des Milda au marché noir

Les moustiquaires qui devaient être distribuées gratuitement sont vendues dans les quartiers de Yaoundé.

Eric B., un jeune père de famille, brandit fièrement ses deux moustiquaires, qu’il vient tout juste d’acheter au prix de 1 500 francs l’unité. Le colis sommairement emballé dans un sac plastique fait le tour des mains, accompagné par des commentaires tout aussi insouciants. La scène se déroule dans un bar du quartier Ekounou à Yaoundé. Le jeune père de famille raconte à ses amis qu’il les a acquises par un tuyau. Un autre ami qui avait, on ne sait comment, obtenu une trentaine de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda), lors de la distribution gratuite du précieux instrument de lutte contre le paludisme. Dans la conversation, d’autres personnes manifestent leur envie de profiter de l’aubaine. C’est clair que l’opération est plutôt bonne, puisque les moustiquaires ordinaires se vendent à environ 3 500 francs. Du coup, de bouches à oreilles, le business des Milda fait on bonhomme de chemin, en toute discrétion, mais aussi en toute illégalité.

A l’investigation, l’on découvre que le fait n’est pas une œuvre individuelle, mais celle de toute une chaîne, qui part des dénombreurs aux responsables de la distribution. Leurs errements bénéficient d’un certain nombre de lacunes dans le processus. Quelques clichés rapportés par les populations illustrent encore mieux les pratiques récriminées. C’est le cas par exemple de personnes qui, avec la complicité des agents de dénombrement se sont retrouvées avec plusieurs reçus, ou qui se sont fait recenser à plusieurs endroits. Par laxisme, par manque de temps, ou en toute connaissance de causes, certains dénombreurs ne prenaient pas le temps de vérifier l’authenticité des déclarations des chefs de familles. A ces situations de base, il faut ajouter les lacunes enregistrées lors de la distribution.

Les cas de personnes recensées qui ne se sont pas présentées pour le retrait de leur dotation sont nombreux. Blandine A., habitante du quartier Nkolndongo, raconte par exemple que n’ayant pas pu se présenter au jour indiqué pour la distribution, elle avait demandé deux jours plus tard à ses enfants d’aller récupérer la dotation de la famille. Ils s’étaient alors laissé dire que l’opération était interrompue, et qu’elle devait recommencer après l’élection présidentielle. Lasse d’attendre, elle dit avoir abandonné, se faisant par là complice malgré elle des mauvaises pratiques que l’on remarque actuellement. Une source proche de la délégation régionale de la Santé publique pour le Centre affirme que ces agissements sont sus des autorités, et que des mesures ont été prises pour assurer la gratuité effective des Milda. C’est dans ce sens que le gouverneur de la région du Centre a récemment prolongé la durée des opérations de distribution, jusqu’à ce que tous les ayant droit rentrent en possession de leurs moustiquaires. En outre, notre source annonce des poursuites judiciaires pour tous ceux qui se feraient prendre sur les faits. Des contrevenants ont d’ailleurs déjà été appréhendés au marché central de Yaoundé.

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