Le budget de l’Etat est l’outil, par excellence, de mise en œuvre de sa politique de développement, à travers la mobilisation et la planification de ses ressources. Compte tenu de la conjoncture politique et du frémissement économique, tout semble indiquer que l’enveloppe globale connaîtra un léger accroissement pour répondre aux besoins en financements divers. Déjà, la circulaire présidentielle relative à la préparation du budget 2012 prescrivait « une vision du développement à court et à long termes ainsi qu’une obligation de résultats et la sécurisation de la fortune publique ». D’où la notion de budget-programme qui va offrir plus de lisibilité à l’action gouvernementale. Il s’agira désormais d’affecter les crédits en fonction des besoins réels mais aussi sur la base des objectifs à atteindre. C’est une approche plus réaliste qui met un accent particulier sur l’amélioration de la qualité de la dépense. Le budget-programme permet ainsi d’aligner les ressources publiques sur les priorités nationales. Les allocations des ressources se font sur une base annuelle, mais en gardant à l’esprit les objectifs à long terme. La possibilité d’une reconduction tacite de la dotation pourrait favoriser le financement des projets étalés dans la durée ou comportant plusieurs phases. Une solution au sempiternel problème d’abandon des chantiers majeurs.
A ce sujet, un regard rétrospectif sur le taux d’exécution physico financière du Budget d’investissement public (BIP) en cours d’achèvement laisse apparaître de nombreux dysfonctionnements. Dans la plupart des régions, le taux de réalisation est faible. Plus grave, on constate d’importantes disparités selon la nature de la dépense. Alors que les crédits de consommation s’épuisent rapidement, avec un taux d’exécution supérieur à 90 %, le budget d’investissement fait du surplace ou presque. Dans la plupart des régions, la barre symbolique des 50 % est rarement atteinte. On l’aura compris : il est plus facile pour un gestionnaire de crédits de dilapider la fortune publique pour l’achat des rames de papier, des stylos à bille et autres « consommables » plutôt que de financer la construction d’une salle de classe ou d’un pont. Compte tenu des engagements pris et des nombreuses attentes, la présente session budgétaire va marquer un signal fort pour un nouveau départ du Cameroun.