Pensez donc : après leur expédition fructueuse le 7 octobre dernier à Kinshasa contre les « Simba », Samuel Eto’o et ses coéquipiers viennent de redorer leur blason en remportant dimanche, contre le Maroc, la LG Cup Africa. Ce qui ne pouvait que flatter la fierté de tout un peuple attaché au rayonnement du drapeau national. Avec ces lauriers glanés de haute lutte, l’espoir était de nouveau permis. Ici et là, l’on s’était mis à rêver d’une nouvelle ascension des Lions indomptables vers les cimes du football mondial. C’était sans compter avec les vieux démons qui minent depuis plusieurs années notre mouvement sportif en général, et plus particulièrement cette équipe nationale de football objet de toutes les convoitises.
L’admirable élan amorcé il y a quelque temps vient de se briser à Marrakech contre le roc de la piteuse gouvernance qui caractérise de manière quasi chronique l’environnement des Lions indomptables. Car, ne voilà-t-il pas que l’on reparle de primes non versées aux joueurs ! Comme en 1990 à la veille d’un mémorable Cameroun-Argentine. Comme en 1994 lors de la campagne américaine, en dépit des fonds levés par le « coup de cœur » que l’on sait. Comme en 2002, alors que les « bookmakers » donnaient le Cameroun pour l’une des meilleurs sélections de l’édition Coréo-japonaise de la coupe du monde de cette année-là… Les primes des joueurs. Encore et toujours. Une tare atavique ?
Là-dessus, la position des principaux concernés est claire : la prime de présence qui « est une institution à chacun de leurs regroupements » ne leur a pas été servie. Sans qu’une explication crédible et convaincante ait pu leur être donnée dans les délais. Par respect pour le maillot national, ils ont donc, unanimement, décidé de ne pas effectuer le déplacement d’Alger. Tout en réitérant « leur engagement patriotique ». Afin de se prémunir par avance contre un grief trop facilement agité par le passé en leur défaveur par des acteurs dont la transparence n’est pas la qualité la plus saillante. Loin s’en faut !
Dans tous les cas, le couac de la rencontre manquée contre l’Algérie est un coup sérieux porté à l’élan d’enthousiasme observé depuis peu dans la tanière des Lions. Cela est fort regrettable et même dommageable pour le rayonnement du Cameroun dont les Lions indomptables représentent plus qu’un atout majeur, un élément déterminant de son identité. Surtout dans un contexte marqué par des plaies mal cicatrisées, notamment cette révoltante éliminatoire de la prochaine CAN.
Gageons que nos valeureux athlètes sauront surmonter cette autre épreuve qui leur est imposée par des tireurs embusqués qui, déjà, sont à la recherche de boucs émissaires pour distraire l’opinion des véritables questions. Dont celles-ci : était-il indispensable de faire accompagner les Lions au Maroc par une vingtaine d’officiels, alors que les médias ont été superbement ignorés – votre journal compris ? Dès lors que les effectifs de la sélection nationale ont été largement remaniés, que le staff technique défile littéralement sans résultats conséquents n’est-il pas judicieux, voire impératif de scruter, de manière empirique d’autres segments de la chaîne ? Faute de diagnostic correct, la tumeur qui gangrène notre sport-roi ira en empirant. Ce qui ne devrait être dans l’intérêt de personne.
