Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière
PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Faut-il s’en inquiéter de la prolifération d'instituts de formation médicale privée - « Il faut une rigueur impitoyable dans la formation »

Index de l'article
Faut-il s’en inquiéter de la prolifération d'instituts de formation médicale privée
« Il faut une rigueur impitoyable dans la formation »
« Arrimer l’offre universitaire à la demande »
Toutes les pages

« Il faut une rigueur impitoyable dans la formation »

Dr Guy Sandjon, président de l’Ordre national des Médecins du Cameroun.

Samedi dernier lors de votre Assemblée générale, vous avez effectué une sortie pour le moins tonitruante, au sujet de la formation des médecins au Cameroun. Qu’est-ce qui est à l’origine de la colère de l’Ordre national des médecins?
Il s’agit simplement d’un constat. Jusqu’à il y a six ans, tous les médecins camerounais étaient formés à l’ancien Cuss, c'est-à-dire à la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de Yaoundé I, qui a formé de brillants médecins que tout le monde nous envie en Afrique et même en Europe. Et, le gouvernement a pensé qu’il fallait augmenter le nombre d’écoles de formation. On a créé deux autres facultés : Buea et Douala. Les choses se sont gâtées quand, rapidement, on a commencé à constituer d’autres écoles avec l’autorisation de l’Etat, à savoir, pratiquement 20 écoles de formation. Les médecins ont été inquiets. Et il y a un an et demi, lors de la sortie de l’avant-dernière promotion de la Faculté des sciences biomédicales de Yaoundé I, j’ai dit, devant le ministre de l’Enseignement supérieur, que les médecins sont inquiets du nombre d’écoles, de la qualité de la formation. Nous avons été le rencontrer pour lui dire que ce n’est pas normal, ce que nous voyons sur le terrain. Vous avez peut-être eu une bonne idée, mais ce que nous voyons sur le terrain ne correspond pas à votre volonté. La formation est laissée à l’abandon, les enfants traînent dans les couloirs des hôpitaux sans maîtres de formation. Il faut des professeurs qualifiés pour former les étudiants. Un médecin ne doit pas être formé par un infirmier.
Qu’avez-vous donc fait après avoir rencontré le Minesup ?
Nous l’avons convié, lui, ou un de ses représentants, à un séminaire de réflexion à Kribi, qui a duré deux jours. Avec la présence du Pr. Monekosso, qui est le président de la commission de formation de l’Ordre des médecins, le Pr. Mbédé, des gens qui représentent la crème de la médecine dans notre pays. Pendant 48h, on a réfléchi. Nous avons fait tenir au Minesup, le fruit de nos réflexions, il y a déjà huit mois. Nous avons pris la peine de faire le tour du Cameroun. Nous avons fait huit assemblées générales dans les huit régions autres que le Centre et le Littoral, que compte notre pays. Du Sud à l’Extrême-Nord, tous les médecins ont été unanimes et horrifiés. Nous avons parfois frôlé l’incident, quand on a soulevé les problèmes de formation. Certains nous taxant même de complices, disant que nous ne faisons rien… Fort donc de ces assemblées générales, nous avons pensé qu’il était bon d’amener cela en assemblée générale nationale, pour avoir l’aval des médecins. Et je puis vous assurer que lors des travaux que nous avons fait la veille de l’assemblée générale, la salle était houleuse. Prenez tous les médecins du Cameroun, et même les promoteurs vous diront que ce qui se fait à côté n’est pas convenable. Et pourquoi ? Parce que nul, mieux que l’Ordre des médecins, ne peut attirer l’attention des pouvoirs publics sur les dangers de la santé des populations dont ils ont la charge.
Que propose donc l’Ordre ?
L’Ordre propose en gros, l’arrêt immédiat de ces autorisations. L’évaluation des structures existantes par une commission indépendante, pour savoir qui fait quoi, comment. Le renforcement de la capacité de fonctionnement des structures d’Etat, Yaoundé, Douala, Buea. Yaoundé a commencé avec trente ou quarante, lors des premières promotions. Le ministre actuel de l’Enseignement supérieur, est arrivé, ils étaient à 100. Fort justement, il a augmenté la capacité à 350. Ça c’est une très bonne chose. Les bâtiments sont là. A Douala, on est en train de faire un méga-campus. Pareil à Buea. Il faut renforcer simplement les capacités des structures existantes, au lieu de saupoudrer dans les régions. Voilà le credo de l’Ordre. Il faut une rigueur impitoyable dans la formation. L’Etat ne doit pas se dessaisir de la formation des médecins.
On vous rétorquera que chacune de ces écoles a un tuteur…
Un enfant peut-il tutorer un enfant ? Pour ce qui est des jeunes encore en formation dans ces écoles, il est encore temps de les absorber progressivement dans les structures de l’Etat. Ils n’ont pas demandé à être là. Il faut les absorber, les recycler.
Comment faire pour trouver un équilibre, alors que notre pays a besoin de médecins ?
Le Sénégal, la Côte d’Ivoire ont approximativement chacun 20 millions d’habitants. Ils ont une université. La plus vieille faculté de médecine c’est au Sénégal. Ils ont élargi les capacités. Ils ont formé des médecins camerounais, mais il n’y a qu’une seule école privée qui a ouvert, qui a même du mal à se faire reconnaître. Le Cameroun ne peut pas faire exception. Il y a un pays qui a été précurseur dans ce que nous sommes en train de faire. C’est la RDC. L’année dernière, ils ont fermé 200 structures, parce que évidemment c’était n’importe quoi. Pourquoi voulons-nous nous casser la figure avant de revenir ? Il est encore temps. Nous avons plus un problème de répartition et d’affectation de médecins qu’un problème de manque de médecins.
Propos recueillis par Alain TCHAKOUNTE


Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière