Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière
PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Retenue !

L’histoire se passe à Mvan, un quartier populeux de Yaoundé. Un camion des Brasseries, chargé de sa cargaison de bière, se retrouve les quatre fers en l’air en essayant d’éviter une collision avec un taxi. Que croyez-vous que les riverains et autres passants ont fait ? Réponse a : ils ont porté secours au pauvre chauffeur coincé dans l’habitacle. Réponse b : ils ont remis le camion sur ses roues et l’ont aidé à repartir. Réponse c : ils ont appelé les forces de l’ordre et de sécurité. Que nenni ! Bonne réponse : ils ont tout simplement cassé le verrou du chargement et se sont mis à trinquer aux frais de la princesse. En pleine route. Dans cette beuverie accidentelle générale, organisée à ciel ouvert, quelque quatre policiers venus intervenir se retrouvent rapidement débordés et noyés dans… la foule. Pour dire le moins. De 16 heures à 23 heures, adeptes de Bacchus et sympathisants s’en donnent donc à cœur joie. Et ce qui devait arriver, quand dans un monde normal les règles élémentaires de sécurité ne sont pas respectées, ne tarde pas à survenir : un autre accident.

En essayant lui aussi d’éviter un second camion des Brasseries, venu récupérer le reste de la cargaison de boisson, et l’assemblée de buveurs, un camion grumier achève sa course sur un domicile familial. Une petite fille de trois ans qui, certainement dormait paisiblement et ne demandait qu’à vivre, payera le lourd tribut de cette sordide affaire. Une jeune vie sacrifiée sur l’autel de l’irresponsabilité collective. Comment expliquer que des hommes et femmes, jeunes et adultes, bien de leurs personnes, perdent ainsi leurs moyens et exposent leurs vies sur la voie publique pour quelques bouteilles de bière au demeurant volées ? Imaginons un seul instant que le transporteur de grumes ait été aussi irresponsable que la foule de buveurs de Mvan, faisant le choix de foncer droit sur elle. Une famille ne pleurerait certainement pas sa petite fille en ce moment. Mais plusieurs autres mettraient en… bière qui un père, un frère, une mère, une tante ou une sœur. Et cela glace le sang.

Ce qui glace le sang encore davantage, c'est de constater la continuation des pillages sur les lieux d’accidents, malgré la catastrophe ferroviaire de Nsam. Un drame qui avait emporté au moins 250 vies, brûlées par l’essence qu’elles essayaient de récupérer d’un wagon citerne accidenté. Ces images horribles et inoubliables ont également ramené à ma mémoire une scène vécue, il y a quelques années, sur l’axe Yaoundé – Douala. L’épouse d’un homme politique alors aux affaires, riche et célèbre, avait trouvé la mort dans un accident de la circulation. Le corps défenestré par l’impact était resté gisant sur le bord de la route. Pendant ce temps, les riverains s’affairaient à récupérer tout ce qui pouvait l’être dans le véhicule de la défunte. Même son téléphone portable n’avait pas servi à appeler sa famille ou les secours. Toute tentative d’aide en direction de la victime était vivement découragée par les riverains lui reprochant son rang social et ses biens. Ce qui en rajoutait à l’horreur de la situation.

De tels comportements doivent nous amener à nous interroger plus que jamais sur notre société. Comment expliquer la montée en puissance de tels travers ? Qui sommes-nous ? Que sommes-nous en train de devenir ? Sommes-nous gravement atteints au point de devenir des monstres ? N’avons-nous plus du tout de valeurs ? La pauvreté peut-elle tout permettre et tout excuser ? Certains observateurs avertis voient en ces agissements la corruption d’une société, dans un contexte marqué par le relâchement généralisé des mœurs. Une chose est sûre, le drame de Mvan aurait pu être évité, si chacun –automobilistes, passants, riverains, policiers- avait pris la responsabilité de sécuriser les lieux et d’appeler davantage d’éléments de forces de l’ordre en renfort. Une petite fille serait encore en train de sourire à ses parents.

­

Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière