« Est-ce que je suis un enfant ou une femme enceinte pour dormir sous la moustiquaire ? », lance naturellement Mme Laga, comme si sa réponse allait de soi. A la vérité, beaucoup d’adultes pensent comme cette mère de famille qui a reçu cinq Moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda), qu’elle a soigneusement rangées dans un placard. De ses quatre enfants, aucun ne veut non plus dormir sous une moustiquaire. Le cadet de 15 ans se justifie : « C’est bizarre ! Sous la moustiquaire j’ai l’impression d’être enfermé », soutient-il. Autre quartier de Yaoundé, autre famille, même son de cloche. Les Mebara ont également reçu cinq Milda, dont deux seulement ont été installées, justement pour les plus jeunes enfants, âgés de 7 et 10 ans. Même pour ceux-là, la mère de famille a besoin d’insister pour qu’ils dorment en dessous. « Parfois, j’attends qu’ils s’endorment pour descendre les moustiquaires. Les autres sont grands alors ils sont libres de choisir de les installer ou pas », explique dame Mebara qui juge aussi enfantin le fait de dormir sous une moustiquaire.
Il faut dire qu’à Yaoundé, nombre de familles ont été répertoriées pour recevoir des Milda et beaucoup les ont déjà retirées. Mais l’installation et l’usage effectif de ces outils de protection contre le paludisme restent assez mitigés. En général, les adultes ne s’en accommodent pas. Beaucoup s’efforcent à les installer pour leurs jeunes enfants, et encore ! Il faudrait que ces derniers soient eux-mêmes consentants. Serge Kameni explique qu’il a reçu des Milda mais qu’il ne sait pas comment les installer, vu que son plafond est en béton et qu’il ne veut pas perforer les murs de son domicile. Un autre affirme qu’il n’y a pas de moustiques chez lui et donc, pas besoin de moustiquaires. Georges Noumga se souvient pour sa part que la première fois qu’il a dormi sous une moustiquaire imprégnée, en plus de la forte chaleur qui régnait en dessous, le lendemain il se sentait mal. « J’avais eu comme des brulures sur la peau. Mon corps a chauffé toute la journée. Jamais plus je ne vais m’aventurier sous ce truc », affirme-t-il solennellement.
Heureusement, il y a des gens qui se plaisent bien sous une moustiquaire. Yvette M. affirme que ça fait plusieurs années déjà qu’elle dort toujours sous une moustiquaire. « Quand je me retrouve sur un lit sans moustiquaire c’est comme s’il me manquait quelque chose. Et c’est comme ça que j’ai introduit mes enfants aux moustiquaires dès la naissance». Mais combien sont-ils à faire pareil. Et dire que les spécialistes clament que l’usage des moustiquaires est l’un des moyens sûrs pour lutter contre le paludisme.
