Au bout du petit matin d’hier, des passants ont découvert des restes humains le long de la voie ferrée qui longe le canal du Mfoundi à Yaoundé, entre la voirie municipale et les bureaux techniques de la Camtel. Découpés et encore imbibés de sang, l’on pouvait apercevoir au pont de passage pour piétons aménagé un tronc dénudé, une jambe, un pied, des lambeaux de chair. Cachées aux regards, plus loin, deux têtes humaines dont l’une était encore attachée à la poitrine attiraient la foule qui est accourue des environs et de plus loin. Des vêtements aplatis sur l’un des rails, comme s’ils y avaient été repassés, indiquent qu’un train a dû passer sur les corps. Vraisemblablement, les défunts étaient de sexe masculin.
Selon des riverains, c’est autour de 6h que les premiers témoins ont informé le voisinage de ce qui se passait. Marie Josée Bessengue Mengue, chef du bloc de Mfoundassi III, explique avoir alerté les policiers après avoir été informée. « A 6h10, quand je suis allée vers les rails, j’ai trouvé un attroupement mais personne ne savait ce qui a bien pu se passer. On a constaté qu’il y avait plusieurs morts, quand on s’est mis à chercher la tête du premier morceau de corps découvert. Nous avons déjà eu des agressions mortelles dans la zone mais jamais un tel carnage », témoigne-t-elle.
La police spéciale des chemins de fer, informée, est arrivée sur les lieux peu après. Le commissaire de police, Patrice Essame, accompagné de policiers, y a rencontré quelques enfants de la rue. D’après certains de ces sans domicile fixe, les dépouilles méconnaissables qui se trouvent en morceaux sur quelque trois cents mètres seraient celles de leurs compagnons. Une bagarre se serait déclenchée entre eux la veille. Pour d’autres encore, les corps ont été transportés sur les rails. Des hypothèses qui donnent du grain à moudre aux discussions des badauds. Ceux-ci ont envahi la scène du crime à tel point que les policiers enquêteurs ont été obligés de les chasser pour travailler sereinement. Ce d’autant plus que des pickpockets – dont un a été interpellé – s’activaient au milieu des gens.
