Le tête-à-tête, au palais de l’Unité, entre les chefs d'Etat du Cameroun et du Tchad constituait le point fort de la visite effectuée jeudi au Cameroun par le président tchadien.
L'entretien devait durer une heure selon le programme officiel initial. Plus de deux heures trente minutes, de 13H30 au-delà de 16H, ne semblent pas avoir suffi, puisque les échanges entre les deux chefs d’Etat ont continué alors qu’ils avaient rejoint, en présence de Mme Chantal Biya, les personnalités invitées au déjeuner officiel offert par le président camerounais et son épouse en l’honneur d’Idriss Deby Itno. L’évocation de la durée est significative de l’intensité et de la chaleur des échanges dont certains résultats sont connus. Un accord relatif à l’interconnexion de la fibre optique entre le Tchad et le Cameroun a été conclu, paraphé par le ministre camerounais en charge des postes et télécommunications, Jean-Pierre Biyiti bi Essam et son homologue tchadien.
Les toasts prononcés par les deux chefs d’Etat avant le déjeuner officiel ont révélé leurs principales préoccupations. Le président Paul Biya a, le premier, pris la parole. Pour lui, la fraternité entre les peuples camerounais et tchadien est une donnée d’évidence. La coopération économique entre le Tchad et le Cameroun représente à ses yeux un axe majeur du développement de notre sous-région, le Tchad étant un partenaire de poids dans la bataille du développement au regard des richesses de son sous-sol, alors que notre pays peut offrir notamment les produits de son agriculture. Après avoir cité la construction réussie du pipeline Tchad-Cameroun en exemple concret de la coopération entre nos deux pays, le président Paul Biya a fait état d’autres projets importants, à commencer par la réhabilitation complète de l’axe routier Douala-N’Djamena, vital pour le désenclavement du Tchad, pays sans façade maritime ; le prolongement de la voie ferrée de Ngaoundéré vers N’Djamena ; le raccordement du réseau électrique camerounais à celui du Tchad, dès que possible. A ce stade, le chef de l’Etat a saisi une fois de plus l’occasion pour plaider pour une coopération plus dynamique et plus solidaire au sein de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d’Afrique centrale), à condition que soient abandonnés les égoïsmes. Car nos pays doivent tirer le meilleur parti de la solidarité régionale. Tous gagnent à mettre en œuvre le programme économique régional adopté en janvier 2010 au sommet de Bangui mais qui demeure dans les tiroirs. Le Tchad et le Cameroun doivent jouer un rôle moteur pour notre communauté. Après avoir félicité Idriss Deby Itno pour avoir réussi à juguler les tensions dans son environnement immédiat, Paul Biya a fait observer qu’il faut rester attentif à ce qui se passe au nord de notre continent.
A son tour, le président Idriss Deby Itno a avant tout réitéré ses félicitations à Paul Biya pour « sa brillante réélection » à la tête du Cameroun, y voyant « une marque de confiance et l’expression de satisfaction du peuple camerounais ». Sous la houlette du président Biya, le Cameroun, dit-il, a réalisé de grandes avancées aux plans de l’unité nationale et de la « démocratie apaisée ». Avec beaucoup de chaleur, le chef de l’Etat tchadien a apprécié le soutien du Cameroun à son pays et l’attention personnelle que le chef de l’Etat camerounais lui accorde. Le Cameroun a accompagné le Tchad pour la construction du pipeline Tchad Cameroun. Il a, en outre, souligné de multiples attentions et réalisations : le pont sur le Logone reliant N’Djamena à Kousséri; l’accueil fraternel réservé aux réfugiés tchadiens ; les échanges aériens…Il a révélé la signature, hier, de l’accord d’interconnexion de la fibre optique entre son pays et le nôtre. Il a vivement plaidé pour la réalisation d’ « un rêve », la construction du chemin de fer Ngaoundéré-N’Djamena-Abéché qui désenclaverait totalement son pays. Il a enfin évoqué deux problèmes lui tenant à cœur. D’abord la sauvegarde du lac Tchad qui fait vivre 30 millions de personnes mais , menacé par la sécheresse, a perdu 80% de sa surface d’eau. Ensuite, la sécurité transfrontalière dont il a souhaité la réunion fréquente des commissions transfrontalière et de sécurité dans la perspective de trouver des solutions concrètes aux problèmes qui se posent. Avant de terminer, il a invité le président Paul Biya à prendre part au prochain sommet de la CEEAC prévu à N’Djamena en janvier 2012.
