C’est pieds nus et en tenue traditionnelle que Kum’a Ndumbe III reçoit ses invités. Des retrouvailles dans la chaleur, les rires et les photos. Retrouvailles car, la veille déjà, c’est lui qui avait conduit la cérémonie de purification à Bimbia. Sur la route des esclaves. Une communion à laquelle les esprits de l’eau ont répondu présents, par la transe d’une des Camerounaises-américaines. Kum’a Ndumbe III, qui n’est autre que le petit-fils d’une princesse Bimbia, épouse de son grand-père, le défunt roi Bèlè Bèlè Lock Priso.
Bonabéri n’est ainsi que la suite d’un chemin de reconstruction de la mémoire emprunté par le groupe, dans une cité qui, par son fleuve, a donné son nom au Cameroun tout entier. Dans l’ancien Kamerunstadt donc, les ARK Jammers reçoivent les bénédictions princières pour un bon retour, pour que la route leur soit ouverte. Du whisky est versé par terre afin que les ancêtres exaucent ce souhait, et la connexion est établie par un lavage de mains et de visages avec le breuvage.
Un bref et intense moment après lequel la délégation, pressée par le temps, met le cap sur Bonapriso, le temps de se restaurer un peu et de prendre le chemin de l’au-revoir. Leur avion décolle le soir même à 00h05. Rendez-vous est pris pour la troisième édition de l’Ancestry Reconnection Program, le 27 décembre 2012. La délégation, qui s’est agrandie cette année, gagnera sans nul doute en volume. Surtout que d’après Eric Chinje, l’un des co-fondateurs de l’Ong Ark-Jammers, « les recherches d’ADN ont montré qu’il est fort possible qu’il y ait entre 10 et 15 millions d’Afro-américains qui sont d’origine camerounaise ».