« Certaines pratiques passées refont surface, à l’encontre des clients. » Lucas Abaga Nchama, président de la Commission bancaire de l’Afrique centrale, n’a pas mâché ses mots lors du point de presse organisé hier à Douala, à l’issue de la 4e réunion annuelle de concertation avec la profession bancaire et financière. Les journalistes apprendront que durant l’échange, non ouvert à la presse, la Cobac a voulu savoir pourquoi les frais généraux étaient repartis à la hausse dans certaines banques – au détriment des déposants. « Certaines mauvaises habitudes » ressurgissent, selon Abaga Nchama, qui a ajouté : « Nous avons opté pour la fermeté ». C’est que la Commission bancaire semble avoir relevé nombre de manquements.
Ainsi, il a été relevé que « les frais de tenue de compte étaient souvent appliqués sans fondement légal, tandis que la tarification des transferts n’était pas toujours conforme à la réglementation par quelques banques ». Le communiqué final dont sont tirés ces propos indique aussi que : « En outre, la tarification des autres crédits (crédits renouvelables, emprunts in fine, engagements par signature) reste élevée dans la Cemac en 2010, tandis que la conformité de la tarification des transferts présente encore des insuffisances ».
Autre reproche, les dates de valeur sont diversement appliquées par les banques de la Cemac, en dépit de la réforme des systèmes et moyens de paiement (Systac/Sygma). Alors, « au regard des coûts pratiqués par la Beac pour le traitement des chèques et virements, la répercussion des frais Systac/Sygma sur la clientèle s’apparenterait à un supplément de marge ». Encore autre chose que relève le communiqué : les frais de tenue de compte « ont refait surface sous d’autres appellations. »
Pour toutes ces questions et bien d’autres, les banquiers ont été invités à rectifier le tir – encore que personne n’ira penser qu’ils ont juste commis une erreur. La Cobac a également invité ses interlocuteurs du jour à mettre davantage de données à la disposition des déposants. « Nous espérons que dans les tout prochains jours, il y aura plus d’informations pour le public », a confié Abaga Nchama à la presse, avant de poursuivre : « Je crois que les banquiers ont compris. »
La rencontre Cobac/profession bancaire et financière a en outre offert l’opportunité de passer diverses questions en revue. Notamment la réforme du système monétique interbancaire de la Cemac, et dégradation de la notation de la signature de la France (passée du triple A à AA+). Occasion pour le président de la Cobac, par ailleurs gouverneur de la Beac, de redire que la dévaluation du franc Cfa n’est pas à l’ordre du jour. Les perspectives sont bonnes, nous devons le savoir, « tout en restant vigilants ».
