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Kribi au carrefour des trois grands chantiers

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Kribi au carrefour des trois grands chantiers
On recrute…
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Usine à gaz, centrale à gaz, port en eau profonde. La ville vit ses premiers frémissements

Kribi bouge ! La fièvre des fêtes de fin d’année est montée, embrasant la cité balnéaire que la brise maritime n’arrive plus à tempérer. La ville mue, petit à petit, comme le corps d’une jeune femme en début de grossesse. Le chef-lieu du département de l’Océan s’engrosse, en effet, de trois grands chantiers structurants qui la ceinturent littéralement.

Sur la route venant d’Edéa, à quelques encablures avant le poste de péage de Lonji, à la hauteur du village Bipaga II, une piste fraîche, déchire la mangrove et s’ouvre sur une grande clairière au bord de l’Atlantique. Il faut montrer patte blanche pour accéder, avoir un casque vissé sur le crâne pour visiter ce chantier de l’usine à gaz. « Le grand robinet », ainsi que l’appelle Vincent Reaud, le chef de site, employé par Perenco, entreprise française, partenaire du gouvernement camerounais dans ce projet gazier. Là, sera en effet traité et conditionné le produit brut foré en mer avant de ravitailler des camions ou, par pipeline, la centrale à gaz dont une haie de planches circonscrit le chantier, sur la bordure gauche de la route un peu plus loin, au village Mpolongwé II

Ce deuxième grand chantier du coin qui s’atèle à la construction de la centrale transformera en électricité, une partie de la production de gaz de l’usine de Bipaga II.

Il faut traverser la ville, s’enfoncer de trente km dans le sud, en direction de Campo, sur la piste cahoteuse côtoyant la plage de sable fin, pour arriver sur le cap de Mboro, le site du chantier du port en eau profonde.

Kribi, on le voit, se situe au carrefour de trois grands chantiers. Trois fourmilières sur lesquels, les travaux de terrassement achevés, l’heure est à la mise en place des premières infrastructures.

Hébergement

Au monde de touristes venant gonfler la ville, le temps d’un week-end, d’un congé, voire d’un atelier, s’ajoute lentement, sûrement celui des travailleurs qui arrivent et se sédentarisent au gré de l’évolution des chantiers. Les premiers à ressentir cette mutation, ce sont sans doute les hôteliers. Joseph Mopoh Kouam, propriétaire-gérant d’un complexe hôtelier d’une quarantaine de chambres, au cœur du centre urbain, à un jet de pierre de la plage de Ngoé : « Les taux d’occupation des chambres ont changé. Il y a de plus en plus d’arrivants dont beaucoup sont des travailleurs. Surtout des travailleurs des chantiers de l’usine et de la centrale à gaz ». Cette perception est partagée par l’ensemble des hôteliers de la ville. Les prix explosent : un établissement où la nuitée se négociait entre 12 000 et 15 000 francs, il y a cinq ans encore, affiche ostensiblement 25 000 F pour ses chambres « single ». A mi-chemin entre la ville de Kribi et le chantier du port où ils travaillent, des ouvriers chinois ont réquisitionné pour une longue durée, un hôtel d’une quinzaine de chambres qui loge le gros de la troupe.

Comme en prévision de la pression qui ne manquera de s’accroître sur le logement, l’on entreprend de construire des maisonnettes démontables sur les sites des chantiers. A Mboro, un chef d’équipe chinois présente 23 de ces habitations bientôt prêtes sur la quarantaine à construire.

Restauration

Pour se restaurer, l’on s’organise comme on peut, cantine par ici sur le chantier de l’usine à gaz, service traiteur pour les ouvriers chinois au chantier du port, « tourne-dos », petits points de restauration spontanés. Les prix des repas sont jugés élevés. Une bière est vendue à 700f, un plat dans un « tourne-dos » oscille ente 700 et 1000. « Le même qui ne coûterait pas plus de 500 F à Yaoundé », déplore Jean Baptiste Onguene, chef d’équipe d’une entreprise de construction, sous-traitante de travaux de maçonnerie sur le chantier du port. Et encore : « Il n’y a que du riz, pas de plantain, rarement des bâtons de manioc, et la quantité servie est si menue que pour les ouvriers (qui travaillent dur), il faudrait commander deux plats pour manger à sa faim.

Le coût élevé du plat ne serait pas imputable à l’augmentation de la demande. Le renchérissement du prix du poisson la principale ressource alimentaire de la région, selon Nadine Marie Djoumbé, restauratrice au débarcadère de Kribi y serait pour beaucoup: «Lorsqu’on ouvrait ici, il y a cinq ans, le kilogramme de bar revenait à 1800F contre 3 000 à 3 500F aujourd’hui ».


On recrute…

L’offre d’emplois est réelle, même si l’on est encore loin des quarante mille portes que générera, selon les prévisions,  le port en eau profonde de Kribi.

 

 A Mboro, Lolabé, Lendé-Dibe, Fifanda, Lonji, Papaga, Polongwé, des jeunes ont trouvé progressivement des emplois de maçons, charpentiers, manœuvres. « Il y a même des pêcheurs qui se reconvertissent, ne serait-ce qu’à temps partiel, en ouvriers », confie un notable de Bipaga II.

Sur les deux chantiers gaziers notamment, les entreprises ne font venir de loin que pour les spécialités dans lesquelles on ne trouve pas des techniciens sur place. « Tout le monde y gagne », estime Patrice Bogne II, chef chantier d’une entreprise chargée de la construction de quatre bâtiments sur le site de l’usine à gaz. C’est dans les villages qu’il recrute une partie de son personnel et c’est-là qu’il loge ses employés venus d’ailleurs : « Si tu places tes gars dans le confort douillet des hôtels, tu peux être sûr que ton boulot va traîner longtemps. Alors dans des conditions d’hébergement plus difficiles, ils sont pressés d’achever leur tâche, palper leur gain et rentrer », explique cet homme de terrain qui en a vu d’autres.

En tout cas, les villageois apprécient : « Les rapports sont bons. Ils ont recruté beaucoup de jeunes du village, je n’en connais pas le nombre. Le village s’anime. Avant, nous étions comme dans un bosquet », témoigne Emmanuel Goué, notable de Bipaga II, lequel prend la précaution de dire qu’il parle sous le couvert du chef du village, absent au moment de notre passage.

Pour Vincent Reaud de Porenco qui a travaillé dans un projet similaire au Gabon, 50% de ses effectifs (110 employés) sont des personnels locaux venant de cinq villages alentour. Ce taux est encore plus élevé chez lui, à en croire Jean Baptiste Onguene, sous-traitant en maçonnerie sur le chantier du port.

La fièvre des recrutements n’épargne pas les villages périphériques. Emile Issoko Manne, chef de Ebondja II, village situé à 17 km du site du port révélait qu’il était en train de collecter dans sa chefferie des dossiers de jeunes postulants qu’il irait présenter aux responsables chinois.

M. B.


Réactions

« Nous affichons complet… »

Joseph Mopoh-Kouam, hôtelier.

« Je peux l’affirmer sans ambages, le taux d’occupation des chambres s’est amélioré. Nous affichons généralement complet les wek-ends. Il arrive même qu’on soit plein en semaine. Il y a, en effet, de plus en plus d’arrivants qui sont des employés ou  des responsables venant soit travailler pour une période plus ou moins longue, soit inspecter les chantiers. Je ne parle pas de la ville qui se développe avec le délégué du gouvernement qui fait des efforts pour la rendre vivante et plus propre ».

« Les prix ont augmenté »

Nadine Marie Djoumbe, restauratrice au débarcadère de Kribi.

 « Il y avait une très grande affluence, il y a cinq ans  lorsqu’a été ouvert le débarcadère. Peut-être parce que tout était nouveau et beau. Mais il faut dire que le kilogramme de bar revenait à 1800 F contre 3000 à 3500 F aujourd’hui. Les prix ont augmenté parce que le poisson devient rare en mer et que le matériel de pêche coûte de plus en plus cher. En deux ans, le moteur hors- bord est passé de un à deux millions et demi. En plus, il y a des saisons mortes, le loyer et une patente annuelle à payer. C’est dur. Jusqu’alors on ne ressent pas l’effet des chantiers, peut-être aussi parce qu’ils sont éloignés et que les ouvriers ont leur « tourne-dos » sur place ».

« Le rythme de vie change »

Emmanuel Goué, notable du village Bipaga II.

« Nous sommes fiers parce que grâce à l’usine de gaz en construction dans notre village, Bipaga II va participer pleinement aux efforts de développement de notre pays.

Nos relations avec les entreprises qui travaillent sur les chantiers sont bonnes. Avec ce chantier, le village s’anime, il y a un peu plus de chaleur dans le coin. Le rythme de vie est en train de changer. Les femmes vont vendre de la nourriture aux ouvriers, de petits commerces voient le jour. Nous étions comme dans un bosquet auparavant.

 « Il se pose des problèmes »

Emile Issoko Manne, chef du village Ebounja I.

Nous savons que ces grandes entreprises vont générer beaucoup d’emplois et que les nouvelles infrastructures vont booster le développement de notre pays et même de la sous-région. Aussi, sommes-nous fiers de ces travaux qui participent du programme des Grandes Réalisations du chef de l’Etat, le président Paul Biya. Seulement, il se pose deux problèmes. Un : nous pensons qu’il y a exagération sur la superficie officielle de 26 000 ha affectée au site. Il y a de grands ports dans le monde qui ne couvrent pas cette superficie-là : Shangai, Amsterdam, le Havre, Hambourg…Aucun port ne couvre cette superficie là. Notre village est situé à 17 km du site de Mboro. On nous demande de partir. Pourquoi ? Partir où ? Le fer partira de Mbalam par train. Si nous sommes sur le tracé de la voie ferrée, par exemple, il sera compréhensible qu’on nous demande de partir. Sinon… Deux : en 2007, le ministère des Forêts et de la Faune nous a informés que notre zone marine a été retenue pour la création d’un parc marin pour la protection des espèces animales. Nous disons oui pour le port, non pour le parc ».

 

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