Ils sont reconvertis dans les petits métiers, mais l’ex-léproserie de Yaoundé reste leur repère.
Dans la cour de l’ancienne léproserie du Centre Jamot de Yaoundé, un comité d’accueil constitué d’anciens malades de lèpre est installé pour recevoir les visiteurs qui se pointent en cette veille de la journée mondiale de la lèpre. A un jet de pierre de là, le Kantanga, un peu trop calme en cette mi-journée. Le Katanga est un faubourg créé dans le voisinage de la léproserie où se sont retranchés les anciens malades non resocialisés. Ils sont sept installés en permanence, avec femmes et enfants. Des sept, un seul se livre encore à la mendicité. Les autres s’occupent au petit commerce : call-box, vente de boisson, de cigarettes et du menu fretin.
Prévaut Georgette, présidente de l’association nationale des handicapés de la lèpre du Cameroun, fait partie de la bonne majorité des anciens malades qui, en 2003, a bénéficié de la réinsertion initiée par l’Etat et soutenue par les ONG. Rejetée par sa famille naturelle, elle a été accueillie à Mbalmayo où l’Etat et ses partenaires lui ont construit une maison. Elle y prend soin de ses petits enfants et fait les champs et le petit élevage.
Ebe Mbida Elias, arrivé aussi à Yaoundé pour la célébration de la journée mondiale, est installé dans sa communauté où il s’occupe de sa cacaoyère de 3 ha. Il a également eu une maison en dur, offerte dans le cadre du programme de reconversion. Il est par ailleurs catéchiste à la mission catholique de Guinda par Awae.
Endoumou Richard Claude, lui, n’a jamais su définitivement partir de Kantanga. Il affirme y avoir passé 30 ans de sa vie. Il est à cheval entre Nkolessong et l’ancienne léproserie. Au village, il cultive les vivres frais à Yaoundé, il ne résiste pas à la mendicité. Pour lui, il manque quelque chose à la réinsertion : le suivi. Résultat, dans la communauté, les anciens malades sont victimes de toutes sortes d’abus.